Copenhague, c'est parti. La conférence des Nations unies sur le climat, qui réunit pendant deux semaines les délégués de 192 pays, s'est ouverte lundi dernier dans la capitale danoise avec un avertissement de sa présidente Connie Hedegaard : il n'y aura peut-être pas d'occasion meilleure à l'avenir d'éviter un réchauffement désastreux pour la planète. La plus grande et la plus importante conférence de l'ONU sur le changement climatique jamais organisée réunit jusqu'au 18 décembre quelque 15 000 participants : diplomates, scientifiques, écologistes ou encore journalistes. Une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement se rendront également à Copenhague pour les derniers jours du sommet. Aboutissement de deux ans de négociations, la conférence vise à conclure un nouvel accord international sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en remplacement du protocole de Kyoto, qui expire en 2012. Un autre enjeu concerne le financement d'un fonds pour aider les pays en développement à s'adapter au changement climatique et à réduire leurs émissions. Malgré les promesses de nombreux pays riches et émergents de réduire leurs émissions, des questions majeures restent à régler et les négociations s'annoncent difficiles. La présidence de la conférence, l'ancienne ministre danoise du Climat, Connie Hedegaard, a averti les délégués lundi dernier que Copenhague constituait une opportunité peut-être unique dans la lutte contre le réchauffement. «C'est notre chance. Si nous la ratons, cela pourrait prendre des années avant que nous en ayons une autre meilleure. Si jamais nous en avons une autre», a-t-elle mis en garde. «Le temps des déclarations formelles est terminé [….]. Copenhague ne sera un succès que s'il débouche sur des actes importants et immédiats», a renchéri Yvo de Boer, secrétaire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). La conférence s'est ouverte avec des clips vidéo montrant des enfants dans le monde appelant les délégués à lutter contre le réchauffement. En marge de la réunion, des militants cherchaient à capter l'attention sur leurs campagnes contre la déforestation, pour les énergies propres ou encore pour une croissance moins polluante. Mohamad Shinaz, un militant des Maldives, a sauté dans une cuve de 750 litres d'eau pour illustrer la menace que fait peser la montée du niveau de la mer sur son archipel. «Je veux que les gens sachent ce qui se passe», a-t-il expliqué, de l'eau jusqu'à la poitrine. «Nous devons stopper le réchauffement de la planète.» La première semaine de la conférence, les délégués s'attacheront à peaufiner la rédaction du projet de traité. Mais aucune décision majeure n'est attendue avant l'arrivée des ministres de l'Environnement et des chefs d'Etat dans les derniers jours. Une décision est notamment attendue sur un projet de fonds de 10 milliards de dollars par an pendant les trois prochaines années pour aider les pays pauvres à élaborer des stratégies face au changement climatique. La facture devrait ensuite s'alourdir fortement. A Vienne, le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel a averti que la lutte contre le changement climatique ne devait pas «cannibaliser» le financement du développement. Kandeh Yumkella a déclaré que les pays pauvres avaient besoin d'«argent frais» pour lutter contre le réchauffement, et non de fonds prélevés sur les aides visant à améliorer la santé maternelle ou encore à faire reculer la faim dans le monde. La conférence de Copenhague vise à négocier des objectifs de réduction des émissions d'ici à 2020 pour les pays riches. L'Union européenne s'est déjà engagée à réduire ses émissions de 20% par rapport aux niveaux de 1990, et se dit prête à monter la barre à 30% si d'autres pays industrialisés s'engagent à la même hauteur. Les Etats-Unis devraient présenter un objectif de réduction de 17% des émissions américaines de GES par rapport aux niveaux de 2005, soit environ 4% par rapport à 1990. AP Propositions des principaux pollueurs Un petit récapitulatif des objectifs que se sont fixé les bons et les mauvais élèves dans le domaine des émissions de gaz à effet de serre. En tête, avec plus de 6 milliards de tonnes de CO2 rejetées chaque année, la Chine est le plus gros pollueur de la planète. Plein de bonne volonté, l'empire du Milieu a annoncé une réduction de son intensité carbone de 40 à 45% d'ici à 2020, en adoptant un mode de croissance plus respectueux de l'environnement. Seul bémol : cette «réduction d'intensité carbone» est comparée à celle de 2005 et non de 1990.En deuxième place, les États-Unis rejettent chaque année 5,7 milliards de tonnes de CO2. Champions de la quantité de carbone produite par habitant, avec une moyenne de 19 tonnes rejetées par Américain, les Etats-Unis ne se sont engagés à réduire leurs émissions qu'à hauteur de 4% par rapport à 1990, en 2020 (soit -17% par rapport à 2005). Sur la dernière marche du podium, la Russie affiche une production annuelle de carbone de 1,56 milliard de tonnes de CO2, talonnée par l'Inde et ses 1,51 milliard de tonnes. Évoquant au départ le chiffre de 10 à 15% de réduction, la Russie a fait savoir qu'elle pourrait réduire ses émissions de 25%, si d'autres pays industrialisés font un effort. L'Inde a, pour sa part, avancé une réduction de 20 à 25% de ses émissions en 2020, par rapport à 2005. En cinquième position, le Japon rejette chaque année 1,29 milliard de tonnes de CO2. Tout comme la Russie, le pays du Soleil-Levant est prêt à réduire ce chiffre de 25%, si plusieurs de ses confrères industrialisés font un effort.Enfin, et en bon élève de la classe, l'Union européenne, fière d'avoir atteint les objectifs fixés à Kyoto, annonce une baisse de ses émissions de 20% par rapport à 1990, en 2020. N'hésitant pas à sermonner les autres puissances industrielles mondiales, elle a même avancé le chiffre de 30%, si Copenhague place la barre plus haut que prévu.