Les remous provoqués par le match Algérie-Egypte semblent, heureusement, se calmer et l'Egypte officielle semble retrouver les chemins de la raison, après avoir provoqué des décantations salutaires dans les élites et la société en Algérie. Et, de fait, les choses importantes du pays reprennent le dessus à l'ombre des paramètres qui seront inscrits dans la loi de finances 2010, après la mise au net aux plans national et international, suite aux préoccupations émises après la LFE 2009. Parmi les priorités algériennes figure avec juste raison l'intérêt stratégique porté, à travers une nouvelle démarche, à la PME/PMI, avec l'implication formulée par les patrons du secteur privé dont l'utilité économique, partout dans le monde, n'est plus à démontrer, malgré les contraintes passagères induites par la crise des systèmes économique et financier.Cependant, la vision macroéconomique du gouvernement qui prend en charge, à juste titre, le volume des importations (céréales et denrées alimentaires, médicaments, machines, matières premières), le coût élevé d'infrastructures, dans les systèmes éducatif et sanitaire, ne doivent pas, sur la durée, refouler les grosses difficultés quotidiennes de la majorité de la population, des chômeurs et des jeunes qui arrivent en masse à l'université et sur le marché du travail. Le chaos des transports collectifs, de la circulation, de l'enlèvement des ordures, la clochardisation des grands centres urbains et le délabrement des édifices et de l'environnement auxquels s'ajoutent un pouvoir d'achat anémié et la confusion qui règne autour de la grippe porcine, l'âge et le niveau des retraites…Face à de vraies difficultés, à une baisse du «bonheur de vivre», à la certitude de ne jamais se payer de vacances en famille comme ils le voient dans d'autres pays, les salariés se détachent de plus en plus de la classe politique qui ne semble pas trop s'en émouvoir. Le PT tient toujours à la dissolution de l'APN dont l'existence et le travail laissent de marbre les citoyens qui ne voient valser que le montant des salaires des parlementaires et les niveaux, en devises, des scandales financiers qui garnissent les chroniques judiciaires. Dans un paysage national non dénué de réalisations vitales et d'infrastructures, une formation politique a tenté, vaille que vaille, de se signaler. Lorsqu'un parti de la majorité fait de l'opposition plus ou moins «soft» sur des problématiques connues et largement analysées par l'opposition, il y a comme un malaise. Lorsque ce même parti se livre régulièrement à des critiques plus que directes de certaines méthodes de la gouvernance nationale, il y a plus que de l'incohérence, sinon un double discours alors que le pays n'est pas à la veille de législatives et encore moins d'une élection présidentielle. Le MSP, en organisant une journée d'étude autour des droits de l'Homme, s'est livré à une attaque en règle de la majorité dont il fait partie, qu'il défend par ailleurs en étant partie prenante de toutes les lois initiées par l'Exécutif qu'il vote systématiquement. Le MSP prend acte de la régression aux plans des libertés d'expression, du monopole étatique sur les médias lourds, du ralentissement de la dynamique démocratique qui a suivi les événements d'octobre 1988, etc. Des propos que ne désavoueraient ni le FFS ni le RCD.Le PSP, un des fondements de la majorité présidentielle, a délivré son message en présence des représentants du… Maroc, de la Syrie et du Soudan. Comme si ces pays étaient des modèles en matière de droits de l'Homme et comme s'ils étaient classés parmi les premiers en la matière par les institutions internationales et pouvaient servir d'exemple à l'Algérie, qui, en toute objectivité et malgré des retards certains, ne craint pas la comparaison. Dans un registre généraliste et généreux à moindres frais, le MSP occulte des situations bien réelles et bien nationales par des artifices qui ne trompent personne. En citant en vrac «la concurrence déloyale, la fraude, l'informel et la corruption» qui se manifestent dans des proportions et des secteurs très différenciés, d'inégale ampleur avec des dangerosités hiérarchisées, le MSP reste bien dans le flou. Les scandales financiers, les détournements et les marchés d'une grande opacité qui remplissent les journaux privés en mettant en exergue des responsables civils et militaires ne provoquent qu'un incompréhensible silence des formations politiques et celui de leurs représentants au Parlement. Le discrédit frappe ainsi les partis et les modes de fonctionnement des institutions censées réagir et faire office de liants crédibles entre la société et les gouvernés. La gestion de la grippe porcine, les décès à ce jour enregistrés, lot partagé par de nombreux pays parmi les plus développés, les plus démocratiques, ceux-là mêmes qui fabriquent des vaccins pour toute la planète, donnent du crédit aux discours du MSP contre son camp. N'étant tenu par aucune réserve diplomatique, ce parti, comme ceux de l'Alliance présidentielle, n'arrive pas à formuler un point de vue sur l'hostilité active et bruyante du «frère» arabe qu'est l'Egypte. Seul M. Ouyahia, certes en tant que Premier ministre, s'est exprimé, avec des accents qui vont avec son statut, sur la question.Si dans les faits, l'Exécutif prend le dessus sur le législatif, donc sur le Parlement qui est sa majorité acquise, les sorties du MSP, identiques aux critiques de l'opposition, tombent à plat. Elles ne font pas plus l'événement que les faibles intérêt et audience qu'elles suscitent en Algérie et auprès des partenaires étrangers qui ne savent pas que les choses sérieuses ne sont ni dites ni décidées par les partis de l'Alliance. Devant de vrais problèmes, le MSP opère par des fausses sorties. A. B.