Photo : M. Hacène Par Ali Boukhlef «Alors que les ambassades européennes sont mises sous le contrôle quasi exclusif des créatures du régime, de véritables militants des droits de l'Homme souffrent, en plus du harcèlement policier, administratif et judiciaire permanent que leur inflige le pouvoir, de l'indifférence des représentations diplomatiques de l'Union européennes !». C'est en des termes durs que Hocine Aït Ahmed, président du Front des forces socialistes, a interpellé, dans une lettre rendue publique hier par le FFS, Navanethem Paillay, haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme. La lettre du président du FFS fait suite à la programmation, jeudi 17 décembre prochain, du procès des 17 militants de la wilaya de Ghardaïa. L'affaire, qu'examinera la chambre criminelle de la cour de Ghardaïa, remonte à 2004, lorsque la ville était paralysée par une grève générale des commerçants. Des 42 personnes arrêtées à l'époque, 17 sont toujours sous contrôle judiciaire. Pis, des prévenus, à l'image de Kamal Eddine Fekhar, membre de la direction du FFS, avaient déjà purgé des mois de prison. Mais le procureur de la République près la cour de Ghardaïa a fait appel.Ce procès est «une volonté pour les pouvoirs publics de mettre au pas cette région», a dénoncé Karim Tabbou lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège de son parti, à Alger. La rencontre a surtout pour objet «d'alerter l'opinion publique sur ces militants» qui ne sont pas tous écartés de ce parti, mais plutôt des proches. Pour le premier responsable national du FFS, qui tiendra une session spéciale du conseil national le 18 décembre, symboliquement à Ghardaïa, «le fait de programmer ce procès maintenant prouve que tout est calculé de sorte à fatiguer les citoyens». Une autre preuve ? Karim Tabbou rappelle les évènements qui ont émaillé l'année précédente la commune de Berriane, lorsque des affrontements intercommunautaires avaient fait des victimes. «Rappelez-vous que les autorités sont satisfaites d'avoir écrasé la rébellion de Berriane», rappelle-t-il, avant de dénoncer ce qu'il qualifie d'utilisation des archaïsmes. «Comme en Kabylie en 2001, le pouvoir continue de coopter des notables pour en faire des représentants à la place des représentants légitimes et modernes de la population», a-t-il poursuivi tout en affichant sa crainte de voir les militants «condamnés à de lourdes peines», d'autant que, dira-t-il, les dossiers sont transférés à la chambre criminelle. «Mais puisque c'est le parti qui est visé, pourquoi ce n'est pas moi qu'on convoque à la justice ?» s'interroge encore le premier secrétaire national du Front des forces socialistes, qui s'exprimait aux côtés de Kamel Eddine Fekhar. Ce dernier, concerné par le procès de jeudi, a indiqué qu'il est poursuivi par deux procès en criminelle et au moins cinq en correctionnelle. Le médecin, chassé de la Fonction publique et interdit d'ouvrir un cabinet dans sa ville natale, est souvent poursuivi, a-t-il dit, sans aucune raison. «Le 16 juin dernier, on m'a kidnappé devant la mairie sans aucune explication. Le juge m'indiquera plus tard qu'un homme avait affirmé à la police que c'est moi qui l'ait payé pour incendier un véhicule de police. Le hic est que le jeune en question a nié ces déclarations par la suite en indiquant qu'il ne m'a jamais connu. Malgré cela, le juge m'a mis sous contrôle judiciaire», a-t-il témoigné tout en exprimant sa crainte de se voir derrière les barreaux dès demain, la veille de son procès. Le FFS a programmé une action publique pour soutenir les militants qui seront jugés jeudi prochain.