À la veille de la tenue du procès de 17 de ses militants dont le Dr Kamel-Eddine Fekhar, membre du conseil national, jeudi prochain à Ghardaïa, le Front des forces socialistes (FFS) a sorti la grosse artillerie pour alerter l'opinion publique nationale, mais aussi internationale sur le sort et les menaces qui pèsent sur ces militants des droits de l'Homme dont le “tort”, selon les responsables du parti, est d'avoir exprimé leur solidarité avec des commerçants de la ville lors d'une grève en 2004. Après avoir purgé une peine d'emprisonnement en 2004, ces militants devraient passer devant les tribunaux après un pourvoi en cassation introduit par les deux parties. Le premier “obus” est venu du chef charismatique du parti, exilé en Suisse, Hocine Aït Ahmed. Dans une lettre adressée à Mme Navanethem Pillay, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, datée du 9 décembre, Aït Ahmed dénonce le silence des Occidentaux devant les violations des droits de l'Homme par Alger et exprime le vœu que l'institution onusienne fasse preuve de solidarité avec les défenseurs des droits de l'Homme en Algérie. “Et si le non-respect par l'Algérie de ses engagements internationaux en matière des droits de l'Homme n'est en rien une surprise, c'est avec consternation que les citoyens algériens soucieux de démocratie et de respect des droits de l'Homme et en particulier les défenseurs des droits de l'Homme constatent la démission des Européens en matière de défense des militants et des défenseurs des droits de l'Homme par crainte de représailles d'un régime qui use de chantage et de grossières manœuvres d'intimidation dont on peut comprendre l'impact sur une population sans recours mais dont l'efficacité sur les grandes démocraties occidentales est scandaleuse”, écrit Aït Ahmed. “Nous avons l'intime conviction que seule la convergence des efforts des peuples épris de démocratie et des démocraties véritables que peut s'opérer le changement vers plus de paix, de sécurité et de démocratie dans le monde. Et c'est pour cela que nous attirons avec insistance votre attention sur le sort de nos amis de Ghardaïa et plus particulièrement sur celui du docteur Fekhar soumis à des pressions intolérables et à un traitement indigne. Avec l'espoir que nous pourrons trouver auprès de vous les preuves d'une solidarité effective avec les défenseurs des droits de l'Homme et de la démocratie”, note-t-il. Le président du FFS ne manque pas de relever l'attitude d'Alger qui mène une campagne en faveur de la militante sahraoui Aminatou Haïder en mettant dans la gêne des partenaires comme l'Espagne, alors qu'elle ne respecte pas les droits de l'Homme chez elle. “Depuis des années, c'est dans le silence complice des plus grandes démocraties du monde que le peuple algérien est empêché de s'exprimer librement. Médias sous contrôle, espace public monopolisé, société atomisée et mise sous pression policière permanente. Le plus scandaleux reste néanmoins le traitement réservé aux militants pour la démocratie et aux défenseurs des droits de l'Homme. Le cas de notre militant à Ghardaïa, Kamel-Eddine Fekhar est à cet égard des plus emblématiques”. La deuxième salve est venue de son premier secrétaire national. Lors d'un point de presse animé hier au siège du parti à Alger, Karim Tabbou a annoncé que plusieurs chancelleries dont il n'a pas précisé l'identité ont été contactées pour les sensibiliser “sur la cabale judiciaire” qui vise, selon lui, les militants de son parti. “Nous avons contacté plusieurs chancelleries, européennes et d'autres régions, pour les alerter sur les dépassements graves du pouvoir algérien contre les militants de cette région. Ceux que nous avons rencontrés se sont montrés attentifs et ont promis de transmettre nos préoccupations à leurs gouvernements respectifs”, a affirmé Tabbou. Un conseil national du parti, sous réserve de la tenue du procès, se tiendra vendredi exceptionnellement à Ghardaïa. Un conseil qui aura également à évoquer la question des sénatoriales, même si a priori la tendance au sein des militants est au boycott.