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Quand la mort dame le pion à la vie
La Mort de Hamama de Rachid Hamdad aux éditions belle feuille
Publié dans La Tribune le 19 - 12 - 2009

Il y a des auteurs qui vous marquent pour toujours. Un seul livre et vous leur êtes reconnaissant pour l'éternité. Une reconnaissance à leur capacité de cristalliser ce qui se trame en chaque lecteur. Une capacité à donner à une multitude de sentiments et d'émotions une forme. Pouvoir les coucher sur du papier. Pouvoir extérioriser le refoulé. Le matérialiser en mots simples qu'on n'imaginait pas capable d'être si poignants. Rachid Hamdad, pour ceux qui ont eu la chance d'avoir son unique livre entre les mains, fait partie de ces auteurs prodigieux. Ce journaliste, dont on ignorait ce si grand talent d'écrivain, a réussi, au terme des 132 pages qu'il a laissées après son départ précipité un certain septembre 2001, l'exploit de révéler un texte troublant plein de sens et d'émotions. Quand on ferme ce petit livre, on reste perplexe. On s'interroge si l'auteur avait encore des choses à dire. S'il avait l'intention de donner une autre fin à son intrigue que celle qu'il a laissée. Nul ne serait capable de le dire. Une chose est sûre : le roman se suffit à lui-même dans cette ultime mouture publiée à titre posthume. L'héroïne du livre, Hamama, a disparu tout comme l'auteur du roman, dans des conditions tragiques. Chacun d'eux s'est donné la mort. Si, pour Rachid, la fin a été accidentelle, pour Hamama elle a été choisie. Mais choisit-on réellement ? Cette œuvre sombre dans laquelle la mort est omniprésente est paradoxalement un hymne à la vie. Un rejet de la fatalité qui s'abat sur chacun, transformant son quotidien en un réel supplice. L'auteur plante son décor dans cette Algérie de l'année 1992. Une année marquée par l'arrêt du processus électoral, la recrudescence des violences intégristes, l'assassinat du président Boudiaf et la mort de Slimane Amirat. Ce nationaliste qui n'a pas survécu à cette douleur immense de voir son pays sombrer dans la spirale de la mort et de la haine. Tous ces événements sanglants et tragiques sont suivis du suicide de Hamama. Une jeune femme, comme tant d'autres Algériennes, que l'on croyait heureuse. Et pourtant ! Sa souffrance est telle qu'elle préfère partir. Se jeter par la fenêtre de son appartement du cinquième étage alors qu'autour d'elle la nature chantait la vie. Dans le drame brossé par l'auteur, ce sont les traits de la société algérienne qui sont décrits avec une si grande fidélité. Loin de vouloir susciter le débat philosophique sur le suicide, il développe une critique acerbe de la société. «En me tuant, je tue l'action des autres sur moi, je tue la victime pour rendre inutile le bourreau, je tue le bourreau», fait dire l'auteur à son héroïne comme ultime explication de son ultime action sur cette terre. Cette Algérie déchirante, déchirée, oppressante et oppressée imprègne le livre de bout en bout. La mort est omniprésente. Apprivoisée par tous. Attendue par tous. Comment peut-il en être autrement ? Dans cette décennie rouge, la mort est présente, fauchant indistinctement et cruellement les Algériens un peu partout sur ce sol tant chéri. L'auteur n'est pas en reste de ses compatriotes. Il a perdu beaucoup de proches et d'amis dans cette folie meurtrière qui s'est emparée du pays. Des expériences dont on ne sort jamais indemne et qui laissent des traces indélébiles sur le conscient et le subconscient de ceux qui les ont vécues. La mort en tant qu'interruption du cycle de la vie et ce qu'elle peut susciter chez les individus ne semble pas tarauder l'esprit de l'auteur. Il semble avoir son idée sur cette question. La vie de notre pays, dit-il dans son roman, «se déroule comme un polar affreusement interminable». La mort, en commençant par celle de Hamama, renvoie en réalité à cette situation piège.
Les Algériens sont tous, d'une manière ou d'une autre, otages de cette société, confinée dans ses traditions d'un autre âge. Nul ne semble pouvoir échapper à ce traquenard. Individus, groupes ou même partis politiques, tous se plient aux dogmes et acceptent cet état des lieux, ne laissant aucune chance au progrès ni à l'émancipation. Et quoi de mieux que la situation de la femme en Algérie pour matérialiser cet archaïsme imposé par tous et dans lequel on veut confiner toutes les femmes ?
La mort de Hamama n'aurait pas pu être plus poignant s'il avait été écrit par une femme. Car Rachid Hamdad aborde la condition de la femme en critiquant férocement les traditions, notamment kabyles, qu'on impose à cette moitié de la société. Les femmes dans cette région du pays n'ont pas droit à l'héritage, travaillent plus que les hommes, ne mangent que leurs restes, se lèvent avant eux, se couchent après eux, n'ont pas droit à la parole... et la liste d'interdits peut s'allonger encore et encore. L'auteur semble dire : que peut contenir la mort de plus terrible et de plus avilissant ? Les femmes ne sont-elles pas déjà mortes dès que lors que l'on signe leur acte de naissance ? Et au-delà de la condition féminine, les Algériens sont-ils vraiment vivants ? Qu'est-ce que la vie quand elle n'est pas palpitante, passionnante, attachante, empreinte de cette joie d'être de ce monde et pas ailleurs ? La mort n'est certainement pas pire.
G. H.
Biographie de Rachid Hamdad
Né en 1962, Rachid Hamdad a choisi la profession de journaliste qu'il a exercée jusqu'à sa disparition tragique un certain 20 septembre 2001.
Les deuils qui frappaient les différentes franges sociales, les menaces et les assassinats de journalistes ont poussé Rachid à fuir Tizi Ouzou, sa ville natale en 1996, quelques mois à peine après l'assassinat de son ami journaliste, Moh Achour Belghazli, dont il prit le pseudonyme, Achour Bel, pour signer ses articles à El Watan. Une manière pour lui de défier les assassins. Avant de diriger le bureau d'El Watan de Tiaret, ville dans laquelle il s'établit en 1996, Rachid Hamdad avait travaillé pour des
hebdomadaires (l'Evénement et le Pays, aujourd'hui disparus) mais aussi pour des quotidiens (Alger Républicain et le Matin, disparus également). Rachid Hamdad avait aussi une parfaite maîtrise de tamazight, une langue qu'il utilisa pour signer une chronique dans le Pays qui publiait des pages dans cette langue. Rachid ne sera pas immortalisé uniquement par ses écrits journalistiques publiés dans les différentes rédactions qu'il a connues, mais surtout à travers le roman que sa veuve a édité à titre posthume. Il a également écrit des poèmes destinés à composer un recueil qui sera publié prochainement. L'édition de ces deux ouvrages, considérée comme un devoir de mémoire, prouve que la plume peut plonger un auteur dans la postérité, même si l'arme à feu que le pouvoir a mis entre les mains de Rachid pour se défendre contre les terroristes islamistes a eu raison de sa vie.
G. H.


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