De notre envoyé spécial à Copenhague A. Lemili Jean-Louis Borloo, ministre français de l'Environnement, nous a affirmé partager parfaitement la vision qu'a son homologue algérien de la détérioration climatique qui prévaut sur le climat africain, considérant que «Cherif Rahmani coordonne de la plus belle manière l'action du groupe africain». Dans la foulée, le ministre français, exprimant son point de vue sur l'état des lieux du continent africain, n'y va pas avec le dos de la cuillère, dans la mesure où il nous affirmera sans ambages : «Je sais que le continent est d'ores et déjà touché par le chaos climatique», d'où la conviction de pays européens comme les Pays-Bas, la France et d'autres de ce que «…présenterait là cette occasion de financer un développement durable». Jean Louis Borloo affirmera, dans le cadre de cette vision partagée avec les pays africains, l'accord des pays européens de «baisser l'émission des gaz à effet de serre à partir de pays d'Europe… ce qui est clair sur la création d'une organisation mondiale de l'environnement ayant un objectif tout aussi clair et nous travaillons bien dans tous les domaines. Copenhague sera donc très dur et difficile mais il y aura une magie… un don du ciel». Figure incontournable du mouvement altermondialiste, locomotive du syndicalisme agricole, José Bové était quand même la plus grande «curiosité» du Bella Center que tout le monde voulait voir ou rencontrer. Il est vrai qu'il a les mots qu'il faut pour dire les choses telles qu'elles sont sans les enrober ou éviter de heurter la sensibilité de ses interlocuteurs. L'opportunité nous a été donnée de le rencontrer alors qu'il était attablé juste à coté d'une autre figure du mouvement écologiste de l'Hexagone, en l'occurrence Yves Cochet. Disponible à souhait, José Bové nous dira : «Copenhague… je pense qu'à l'heure qu'il est… rien ne va». Et vlan ! L'altermondialiste annonce la couleur et poursuit : «Rien ne va sur le fond de la négociation, on va vers une catastrophe… c'est-à-dire aucun engagement ferme, aucun engagement sérieux chiffré et à long terme. Il n'y a même plus de références jusqu'au protocole de Kyoto qui n'en a plus. Bref, on est dans une situation très mauvaise avec une incohérence totale entre pays riches, pays industrialisés, sur les financements de soutien aux pays du sud. Donc, vous voyez, les éléments du texte sont actuellement très négatifs. En fait, il y a une coupure du monde et tout aussi une coupure au sein de ce centre puisque la société civile est en train d'être expulsée du Parlement et, ce matin, nous avons vu des associations comme «Les amis de la Terre» boutée en dehors avec son président qui est un Nigérian…. poète et pasteur. A l'heure qu'il est, des centaines de personnes sont arrêtées dans les rues parce qu'ils revendiquent le droit de participer aux négociations du sommet en tant que représentant de la société civile». Un sombre tableau sur lequel semble toutefois trop exagérer José Bové, quoique, effectivement, l'atmosphère bon enfant qui prévalait jusque-là et qui donnait un air de fête au Bella Center et à la banlieue où il est implanté était devenu, effectivement, plus pesante et pour cause… l'arrivée progressive de plus d'une centaine de chefs d'Etat comme allait en témoigner la très forte mobilisation des éléments du service d'ordre mais aussi l'installation d'un périmètre de sécurité à très large spectre qui ira jusqu'à modifier le plan de transport habituel et installer une gêne évidente chez les riverains très peu habitués à être bousculés dans leur cadre de vie. «Je pense que Copenhague était déjà un échec qui n'a fait que se confirmer au vu du niveau et de la qualité des négociations. Qu'y aura-t-il dans 48 heures ? Difficile de le deviner mais, apparemment, les choses ne vont pas changer». Soulignons que 48 heures c'est le délai que s'accordent les chefs d'Etat pour conclure leurs négociations par des engagements qui deviendraient dès lors historiques. Quoi qu'il en soit, à moins d'un miracle, je peux vous dire que Copenhague 2009 est un échec». L'altermondialiste soulignera que «…déjà, tout ce qui était déjà référence à Kyoto est en sursis. Chefs d'Etat et chefs du gouvernement vont-ils s'entendre sur un minimum, je n'en sais vraiment trop rien mais je peux toutefois vous affirmer que l'égoïsme des pays du nord à l'endroit des pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique est en train de primer». Pour José Bové «tout va être renvoyé dans une année… à la rencontre de Mexico et pendant ce temps-là la planète va continuer à se réchauffer». Quant à son avis sur l'engagement d'Arnold Schwarzenegger sur l'objectif qu'il s'est imparti de créer et recourir à hauteur de 45% d'énergie renouvelable dans les dix ans à venir, José Bové interprète cela comme une promesse faite par le gouverneur de la neuvième richesse mondiale qu'est l'Etat de Californie, «qu'il jugera sur pièce dans les années à venir» et qu'il lui serait «prématuré d'exprimer un jugement de valeur sur ce sujet d'autant que Schwarzenegger s'est engagé sur quelque chose de positif. Alors autant encourager de telles actions qui ne peuvent qu'être bénéfiques pour tout le monde».