De notre envoyé spécial à Copenhague A. Lemili Dans un bref entretien qu'il nous a accordé en marge d'une série de rencontres avec des ministres africains et asiatiques et deux plénières, M. Cherif Rahmani, le ministre de l'Environnement, a estimé qu'il existerait un signal fort venant des Etats-Unis quant à un intérêt réel au dérèglement climatologique, de ses conséquences, mais aussi et surtout des raisons ayant fait que la situation arrive à un tel seuil critique. Le ministre considère qu'il ne suffit pas de négocier la réduction des gaz à effet de serre pour remédier à une situation qui devient de plus en plus dramatique mais réfléchir également à une série de mesures d'accompagnement à même de concilier développement économique et préservation de la nature. Et c'est un peu dans cet ordre d'idées qu'il estime qu'il ne suffit plus à l'Afrique de se poser en victime et encore de culpabiliser sans arrêt les pays industrialisés si, entre temps, ses Etats ne vont pas en rangs serrés pour défendre leur cause. La solution passerait donc par une vision commune des propositions des pays émergents en général et du continent africain en particulier. Et, à ce sujet précis, le ministre de l'Environnement revient sur la question de la réduction des gaz à effet de serre qui ne serait qu'une partie du problème tant que ne sera pas engagée une action commune et à partir d'une vision commune, notamment sur le volet compensatoire lié aux financements auxquels pourront accéder les pays les plus pénalisés comme ceux de l'Afrique subsaharienne. M. Cherif Rahmani, toujours pragmatique, rappellera que ce financement n'est pas en soi la panacée, autrement dit qu'il ne résorbera pas les difficultés des pays les plus pauvres pour qui l'option des énergies renouvelables ne pourra pas être d'une grande utilité en l'absence d'un transfert de technologie. Vraisemblablement sur ce dossier, le groupe Afrique, et essentiellement l'Algérie, se refusent de culpabiliser les autres, autrement dit les pays industrialisés, comme elle rejette toute idée de victimisation. Le ministre laissera alors clairement entendre qu'il ne s'agit pas de faire de l'opposition ou de l'obstruction dans toutes les négociations qui vont avoir lieu mais plutôt de privilégier la construction. Ceci étant, M. Cherif Rahmani évacue toute idée qui laisserait croire que les représentants africains ménageront leurs interlocuteurs. Rappelons enfin que M. Abdelaziz Bouteflika sera présent dès aujourd'hui à Copenhague et d'aucuns parmi les analystes n'hésitent à affirmer que l'Algérie serait la locomotive des pays africains et sa vision du dossier pèserait fortement sur les résolutions que prendront les grands de ce monde.