La présidence pakistanaise a démenti hier des rumeurs de coup d'Etat dans ce pays allié des Etats-Unis, miné par la violence et qui subit les contrecoups de la guerre en Afghanistan voisin. Hier, au moins 11 personnes ont été tuées et 29 blessées dans un attentat-suicide perpétré par un kamikaze qui a précipité son véhicule piégé contre le portail extérieur d'une mosquée bondée à l'occasion de la prière du vendredi dans le nord-ouest du Pakistan. L'attentat s'est produit dans le village de Taimergara, situé dans le Bas Dir, un district où l'armée a mené cette année une vaste offensive pour chasser les talibans venus du nord-ouest qui se rapprochaient de la capitale Islamabad. Au même moment, un drone américain a tiré quatre missiles dans le Nord-Waziristan, tuant six activistes, selon les services de sécurité pakistanais.Le démenti de la présidence est intervenu au lendemain de l'interdiction de quitter le territoire faite au ministre de la Défense Chaudhry Ahmed Mukhtar qui figure sur une liste de 248 personnes, établie par l'agence gouvernementale de lutte contre la corruption, dont l'immunité a été levée.La rumeur d'un coup d'Etat s'est propagée lorsque l'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, Husain Haqqani, interrogé sur la chaîne CNN, a dit espérer qu'un coup d'Etat n'avait pas été commis dans son pays. «Bien sûr, il n'y a pas de coup d'Etat», a répliqué Farhatullah Babar, porte-parole du président Asif Ali Zardari, joint à Islamabad.«Le nom du ministre de la Défense s'est retrouvé sur la liste et il ne peut pas quitter le territoire», a dit Babar. Apparemment, le ministre a été arrêté alors qu'il se rendait en Chine jeudi dernier. L'interdiction de voyager qui a frappé ce ministre proche du président a fait naître des rumeurs de coup d'Etat qui ont brièvement agité les marchés des changes. La Bourse de Karachi est, elle, restée de marbre. Mais les responsables de l'opposition ont invité le président Asif Ali Zardari à abandonner le pouvoir après la décision de la Cour suprême d'invalider un décret d'amnistie protégeant le chef de l'Etat et quelque 8 000 autres responsables politiques et cadres de l'administration contre des poursuites pour corruption. Toutefois, Asif Ali Zardari bénéficie toujours de son immunité présidentielle. Son porte-parole a exclu qu'il démissionne mais plusieurs de ses alliés risquent d'être traduits devant les tribunaux, dont son ministre de la Défense.La perspective de troubles politiques secouant le pouvoir et ajoutant à l'impopularité d'un chef de l'Etat considéré comme trop proche des Etats-Unis et qui est confronté à une insurrection des talibans pakistanais, risque de contrarier fortement Washington, qui a accentué ses pressions sur son allié doté de l'arme nucléaire, pour qu'il combatte effectivement les islamistes qui circulent de part et d'autre de la frontière. R. C.