Hier encore, sept personnes ont été tuées et 30 autres blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée. La résistance ne désarme pas en Irak. En dépit de la tenue des premières élections législatives pluralistes dans l'histoire du pays, qui ont donné la majorité aux chiites, la situation sécuritaire demeure des plus chaotiques. Les attentats contre les forces de la coalition et les services de sécurité irakiens, se poursuivent, faisant des dizaines de morts et de blessés parmi les forces de sécurité et les populations civiles. Un engrenage de violence qui n'en finit pas, compromettant ainsi le retour à la stabilité, dans un pays déchiré par des luttes fratricides et doctrinales. Hier encore, sept personnes ont été tuées et 30 autres blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée commis à l'entrée d'une base de l'armée irakienne à Bagdad. Un attentat qui intervient moins de 48 heures après celui perpétré lundi dernier par un kamikaze dans la région de Hilla, dans le sud de Bagdad, faisant 118 morts. C'est le plus sanglant attentat depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Cette attaque est survenue au lendemain de l'annonce de la capture d'un demi-frère de Saddam Hussein. Mis en cause à plusieurs reprises, dans la série d'attentats perpétrés ces derniers mois, les sunnites se sont démarqués de ces attaques, à travers leurs représentants, à savoir le Comité des oulémas musulmans et le Parti islamique, qui a condamné l'attentat de Hilla. «Le Comité des oulémas musulmans condamne fermement l'attentat terroriste perpétré dans la ville de Hilla, qui a provoqué un grand nombre de morts innocents parmi les citoyens de notre pays», selon un communiqué. «Nous déclarons que ces actions terroristes qui consistent à tuer des innocents sont prohibées par la religion, quels qu'en soient les auteurs et les motifs», affirme l'association, principale organisation sunnite en Irak. Le Parti islamique, issu du courant des Frères musulmans, dénonce pour sa part dans un communiqué le «massacre à Hilla, dans lequel le sang innocent a été versé sans justification». Par ailleurs, poursuivant ses attentats contre les symboles du régime en place, des hommes armés ont abattu mardi à Baghdad un juge d'instruction du Tribunal spécial irakien (TSI), et son fils chargé de juger les dirigeants de l'ancien régime. Il est clair que pour la résistance la trêve ne sera possible qu'après le départ d'Irak des forces étrangères et par la tenue d'élections souveraines, dont les règles du jeu sont clairement définies. Côté américain c'est l'enlisement, puisque depuis le début de la guerre pas moins de 1600 marines ont été tués. Sur le plan politique, le scandale d'Abou Gharib a laissé une mauvaise impression de l'opinion publique américaine quant à la nature de la présence américaine en Irak. Une occupation que rien ne justifiait, d'autant plus que l'alibi d'armes de destruction massive a été littéralement démenti. D'où la mobilisation des organisations des droits de l'homme et de la classe politique américaines. Ces dernières ont d'ailleurs assigné en justice le secrétaire d'Etat américain à la défense, Donald Rumsfeld. L'objectif étant d'établir sa «responsabilité dans la pratique de la torture sur des prisonniers» en Irak et en Afghanistan. Ces deux groupes, l'Union américaine des libertés civiles (Aclu) et fédéral à Chicago, Etat d'Illinois, dans le pays natal du responsable de la Défense américaine, a indiqué un communiqué des deux organisations, cité par des médias. La procédure a été intentée au nom de quatre Irakiens et de quatre Afghans, qui affirment avoir été victimes de «tortures graves, avec des coups répétés et de simulacres d'exécution, avant leur libération sans accusation», a précisé le communiqué. Selon les deux organisations, M.Rumsfeld doit endosser la responsabilité «directe» pour ces tortures parce qu'il a «personnellement autorisé des techniques d'interrogatoire illégales», puis a ignoré l'évidence que sa politique avait conduit à des «abus répétés sur les prisonniers».