Photo : Riad Par Badiaa Amarni Nombreuses sont les entreprises algériennes à évoluer dans un environnement difficile en relation directe avec le financement de leurs investissements. Une problématique posée à l'unanimité par des acteurs économiques et qui fait état à chaque fois de l'entrave que constitue le financement en Algérie tant pour le lancement que pour le développement des activités. En effet, un nombre important de ces entreprises, notamment les PME, ont du mal à accéder aux crédits bancaires pour effectuer l'extension de leurs affaires ou financer de nouveaux projets. La panoplie de garanties exigées, surtout lorsqu'il s'agit d'une jeune société, finit par décourager les plus persévérantes d'entre elles. C'est qu'un nombre important de banques préfèrent ne pas prendre de risques, choisissant de rejeter des dossiers qui ne sont pas éligibles à leurs yeux. Même lorsque ces banques accèdent favorablement à la demande de l'entreprise, cette dernière reste sceptique quant aux hypothèques demandées et qui risqueraient en cas de problème de l'entraîner droit vers la faillite. D'autres modes de financement Au vu de toutes ces difficultés d'accès au financement et des différents risques y afférents, d'autres modes de financement sont arrivés sur le marché financier national, entre autres, le leasing, l'emprunt obligataire, l'ouverture du capital, quoique ce dernier se fasse encore timide du fait que les entreprises algériennes sont pour leur majorité familiales. Cela étant, des expériences sont déjà là et concernent d'importants groupes économiques nationaux qui peuvent donner l'exemple. Les experts qui ont récemment animé une rencontre ont mis l'accent sur l'importance de cette alternative au financement bancaire qui est l'ouverture du capital. Une alternative qui fait ses premiers pas en Algérie mais qui fait face à de grandes réticences de la part des patrons algériens. Des experts disent qu'ouvrir son capital et se soumettre aux règles de bonne gouvernance et de transparence ne veut nullement dire perdre le contrôle de la gestion. Bien au contraire, un directeur d'entreprise peut continuer à bien gérer son entreprise même s'il ne dispose pas de la majorité du capital. En d'autres termes, si le dirigeant gère bien avec un niveau de transparence adéquat, il n'y a pas de raison pour que les investisseurs financiers remettent en cause sa capacité de gestion. L'ouverture du capital, même si des appréhensions plus ou moins compréhensibles restent affichées chez les patrons, il n'en demeure pas moins que cette alternative au financement bancaire peut avoir beaucoup d'avantages, dont le plus en vue celui du partage de la réussite et de la défaite. C'est-à-dire que, quel que soit l'état de l'investissement, qu'il y ait profit ou non, l'associé reste toujours là, tandis que ses biens risquent d'être saisis par la banque et lui de se retrouver, de ce fait, en état de faillite. L'autre intérêt d'ouvrir son capital, c'est d'avoir un autre regard qui force la décision. Autrement dit, gérer en famille ne donne pas forcément assez de recul pour prendre les décisions qui s'imposent. Aujourd'hui, et selon les experts, il est nécessaire de penser comment aller dans cette voie, et comment préparer les procédures, et rassurer par là même les entreprises pour une plus large adhésion. Fonds d'investissements et emprunt obligataire en attente d'utilisation Le fonds d'investissements est aussi une solution de financement de l'entreprise parmi tant d'autres. C'est là une alternative à encourager, selon les spécialistes, en ce sens qu'elle possède beaucoup d'avantages. Un nouveau Fonds national d'investissements issu de la restructuration de la Banque algérienne de développement (BAD) a été mis en place en mars dernier en Algérie et a pour but de prendre en charge, entre autres, la «gestion des financements des projets d'investissements publics ainsi que celle relevant du secteur productif», et «la promotion du financement bancaire local nécessaire aux grands projets». Le Fonds national d'investissements-BAD est doté d'un capital de 150 milliards de dollars en fonds propres et peut mobiliser d'autres ressources additionnelles sous forme de «prêts et avances du Trésor». En tant que nouvel instrument de financement, il peut déjà intervenir pour un montant minimum de 1 000 milliards de dinars en tant qu'approche «nouvelle et complémentaire du développement de l'économie nationale». D'autres fonds d'investissements communs, comme c'est le cas du Fonds Algerie Qatar, existent. Ce fonds est doté dans un premier temps de 50 millions de dollars. Une autre alternative de financement reste aussi le marché obligataire auquel les entreprises sont de plus en plus nombreuses à recourir. Il faut rappeler tout récemment les expériences réussies de l'ETRHB Haddad et de Dahli ; même si ce dernier groupe n'a pas levé la somme voulue, il reste que l'épargnant est sensibilisé et commence à prendre de plus en plus part à ces opérations. Cela renseigne on ne peut plus clairement sur la confiance installée chez l'épargnant qui est en soi une chose très importante, selon les observateurs qui soulignent toute l'importance de développer le marché boursier national. La mobilisation de tous les acteurs reste nécessaire si l'on veut atteindre cet objectif. Faut-il rappeler que le marché obligataire a contribué à raison de 200 milliards de dinars au financement des plans de développement des entreprises. Il est aujourd'hui opportun de réfléchir à ces nouvelles alternatives présentes mais peu utilisées, une manière d'absorber le besoin d'investissement pour les entreprises algériennes. Mais le tout, c'est de savoir convaincre les entreprises algériennes d'y recourir pour se développer davantage et réussir leurs challenges dans un contexte économique marqué par la concurrence à tous les niveaux. La compétitivité de l'entreprise reste aujourd'hui l'un des mots clés de sa réussite.