Photo : S. Zoheir Par Billal Larbi La situation de la santé publique en Algérie a été le thème d'une journée d'information organisée par la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la solidarité nationale du Conseil de la nation. Cette manifestation a vu la participation de praticiens de la santé et d'universitaires. Tous ceux qui ont eu à se relayer à la tribune ont été unanimes pour dire que le vieillissement de la population algérienne a fait qu'un certain nombre de nouvelles pathologies sont apparues. Aux maladies dites propres au pays sous-développés sont venues s'ajouter des maladies très fréquentes dans les pays développés, dont bien évidemment le cancer. Au cours de son intervention, le Pr Bougherbal, président de la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la solidarité nationale au Conseil de la nation, mettra en exergue les efforts déployés par les pouvoirs publics pour la prise en charge du volet sanitaire. «Au lendemain de l'indépendance, les statistiques indiquent qu'il y avait un médecin pour 25 000 habitants. Aujourd'hui, les choses ont beaucoup évolué dans la mesure où il y a un médecin pour 830 habitants», tiendra-t-il à souligner, insistant toutefois sur le volet qualitatif des choses. «Si la faculté de médecine d'Alger compte en son sein 17 000 étudiants (soit près de 6 fois plus que le nombre d'étudiants de la faculté de médecine d'un pays voisin), il est plus qu'impératif que ce chiffe soit revu à la baisse et ce, pour des considérations d'ordre qualitatif», soulignera-t-il. Pour lui, les professionnels de la santé dressent, à la lumière d'un certain nombre de données, et d'observations, des constats, et c'est aux pouvoirs publics qu'incombe la mission d'apporter les correctifs qui s'imposent. Il préconisera, en guise de solutions à même de faire tenter de diminuer ces maladies, la prévention, l'hygiène et la nécessité de la généralisation de la pratique sportive. S'attardant sur le premier point cité, il incombera le grand nombre de cancers (stade final) à la marginalisation de l'aspect inhérent à la prévention. «Si la prévention avait été assurée, nous n'en serions pas là aujourd'hui», insistera-t-il. Dans ce cadre, il relèvera que la presse a un rôle très important à jouer pour informer et éduquer le citoyen. «Nous enregistrons annuellement quelque 85 000 décès causés par des problèmes cardiaques mais personne n'en parle. Le même constat peut être fait pour les décès causés par les accidents de la circulation routière qui coutent pourtant une fortune au trésor public», soulignera-t-il, ajoutant qu'il est anormal que 90% des hôpitaux algériens se trouvent au nord du pays au moment où le sud du pays souffre d'un manque terrible en la matière. Dans son exposé sur l'organisation du système de santé en Algérie, le professeur Baghriche indiquera que la contribution du secteur privé est, par les temps qui courent, incontournable. «Dans tous les pays du monde, on ne peut se passer du privé. L'Etat doit se dessaisir de certains volets qu'il estime secondaires. Il faut qu'il y ait une harmonie entre les secteurs public et privé», soulignera-t-il. Abordant le volet très complexe de la cancérologie, le Pr Boudjemaa Mansouri fera remarquer que 30 à 35% des malades atteints de cancer sont à un stade métastasique. Il regrettera le fait que les cancers les plus fréquents en Algérie (prostate, sein et colon) ne font pas l'objet de dépistage précoce. «D'ailleurs, ce sont ces mêmes types de cancers qui font que notre pays occupe la 31e place au niveau mondial du point de vue fréquence du cancer. Abordant la greffe d'organes et de tissus en Algérie, le Pr Graba, tout en insistant que cette dernière reflète le degré de développement médical d'un pays donné, regrettera que des facteurs d'ordre culturel continuent d'empêcher son développement en Algérie. «Chez nous, la plupart des dons se font dans un cadre familial. En outre, et pour ce qui est des prélèvements sur cadavre, il y a encore un travail colossal à faire pour éduquer et faire prendre conscience aux familles de la nécessité de faciliter pareil acte surtout si, de son vivant, le défunt ne s'y est pas opposé», soulignera-t-il. Autre sujet abordé au cours de cette journée d'information, la santé mentale en Algérie. Dans un exposé fort brillant, le Pr Kacha indiquera que la psychiatrie restait le parent pauvre de la médecine dans notre pays à cause des stigmatisations venant de la part d'un certain nombre de parties dont les professionnels eux-mêmes. «Certains parents empêchent leurs enfants de suivre des études de psychiatrie car cela risquerait de les dévaloriser aux yeux de la société», dira-t-il, informant dans la foulée que quelque 150 psychiatres ont quitté le pays parce que leurs conditions socioprofessionnelles laissaient à désirer. Lors de la séance de clôture, Abdellah Kachou, secrétaire général du ministère de la Santé indiquera que l'Etat continuera à déployer les efforts qu'il faut en vue de rendre accessible la santé à tout un chacun. Au sujet du virus H1 N1, il insistera sur le fait que toutes les précautions ont été prises en vue d'empêcher l'avancée de la pandémie.