Il est jeune, bourré de talent et il y croit. Chiheb, un musicien qui n'a pas encore fini d'user les fonds de ses pantalons sur les bancs de l'Institut national supérieur de la musique, n'a pu réfréner son envie de s'exprimer et son besoin irrépressible d'utiliser toutes ses capacités artistiques, qui, d'ailleurs, ne demandaient qu'à être exploitées. Aussi a-t-il laissé libre cours à son inspiration, qu'il s'est juste contenté de canaliser pour la rentabiliser au mieux. Ayant les matériaux de base nécessaires, il s'est attelé à les mettre à contribution pour la confection d'un bon produit artistique. Le résultat est un album instrumental de dix titres, Dix nuits à El Bahdja. C'est le premier CD de Chiheb, et il relève un challenge : point de paroles, que de la musique dans son album, que Dounia Editions, acceptant de relever le défi, a accepté de produire. Car, c'est un véritable défi que de mettre un produit de bonne facture sur un marché dominé par la chansonnette avec des paroles qui n'en sont pas, de la musique qui n'en est pas et des stars aux succès aussi éphémères que conjoncturels. Dix nuits à El Bahdja est un produit de bonne facture, même si son appréciation peut différer d'un auditeur à un autre. Pour la confection de son album, Chiheb, qui a signé la composition des morceaux et les arrangements, a fait appel aux copains avec lesquels il travaille en formation sur d'autres produits ou des scènes : Si Mohamed au mandole, Mounir Benchaba à la guitare électrique, Hamid Mokrane au violon, Dahmane au banjo, Fethi à la guitare basse, Chiheb au piano et Khaled Chercham à la derbouka. Les chœurs sont assurés par le groupe Bahdja Knights, Islem Slow, Amel et Amine. A l'écoute, d'emblée on est accroché par l'Intro, un pur délice. Les envolées du mandole vous mettent en appétit. Les neuf autres morceaux qui se succèderont ont chacun son accroche. Il y en a pour tous les goûts, ou presque. El Marsem, Mezghena, Casbah Beat, Seven Hour, The History, Algerian Way, Piano Dream, Istikhbar sika et Saken lakloub sont un florilège de rythmes, d'harmonies et de genres. Les modulations doucereuses de la musique andalouse parlent aux rythmes entraînants du chaabi alors que des phrasés jazzys flirtent avec des sonorités musclées de la techno music. L'exécution comme les arrangements sont impeccables. On est bien servi. Le seul reproche que nous ferons sera sur l'usage, que nous trouvons exagéré, de l'électronique, particulièrement la boîte à rythmes dont les roulements «dérangent» l'harmonie. Evidemment, ce n'est pas tout a fait l'avis de Chiheb qui, s'il nous a accordé la critique sur l'usage de la boîte à rythmes, met toutefois un bémol (il peut, il est musicien après tout) quant à l'exagération. Mais il nous fait la promesse que le prochain album -car décidé à ne pas s'arrêter à ce premier CD-, sera construit tout autrement… une surprise en perspective. H. G.