Il aura incarné à lui seul une certaine époque de l'Afrique. Omar Bango, éternel dirigeant d'un pays d'Afrique riche en pétrole, mais où la moitié de la population vit dans la difficulté. A 73 ans, il était le doyen incontestable des présidents africains et plus que jamais le porte-drapeau de la «Françafrique», du nom de cette relation ambiguë entre l'ancienne métropole et certains régimes africains post- indépendance. Sa disparition aura marqué la fin d'une époque. Et le début du déclin de l'influence de la France sur certains pays africains de la zone francophone. Les Etats-Unis et, plus récemment, la Chine commencent en effet à jouer un rôle probant sur le Continent noir au grand dam de Paris. Politicien rusé et diplomate hors pair, Omar Bongo a passé 41 ans au pouvoir. Ses successives réélections jusqu'à la dernière, en 2005, seront toutes marquées par des accusations de fraudes. Mais en distribuant avantages et privilèges, le plus vieil ami de Paris aura réussi à rallier dans son camp bon nombre de ses opposants et une bonne partie de politiques occidentaux. Mais l'après- Bongo a été appréhendé avec inquiétude. L'opposition crie à la tentation dynastique du pouvoir en place. L'élection du fils d'Omar Bongo a été validée après cinq semaines de tergiversations au sujet de nombreuses fraudes constatées lors de l'élection présidentielle du 30 août dernier. A peine les résultats proclamés, des incidents éclatent un peu partout à travers le pays : des partisans de l'opposant Mamboundou ont refusé la mainmise de la famille Bongo sur le pouvoir. Le consulat général de France à Port-Gentil est incendié, des voitures brûlées à Libreville. Le Gabon paraissait au bord de l'explosion. La France est accusée de jouer un rôle trouble dans la crise politique gabonaise. Les relations privilégiées entre Paris et la famille Bango est un secret de Polichinelle. Un conseiller du président français Nicolas Sarkozy pour les relations avec les pays africains avait soutenu ouvertement Ali Bongo. Ce dernier sera finalement investi président de la République gabonaise, succédant officiellement à son défunt père. M. B.