Photo : S. Zoheïr Par Rachida Merkouche Le territoire national est inégalement peuplé. Tout le monde en est conscient mais cet état de fait continue à se perpétuer depuis l'indépendance du pays et à nuire aux régions et aux populations. Le constat ne peut échapper à personne, encore moins aux pouvoirs publics, tout comme les motifs qui sont à l'origine de cette concentration au Nord. Au fil des ans, l'exode rural a vidé les campagnes de leurs habitants qui se sont éparpillés dans les grandes villes, en quête d'un emploi. La saignée ne s'est jamais arrêtée pour la simple raison que la bonne gouvernance n'a jamais été un mode de gestion. Les quatre décennies qui ont suivi ont asséché les plaines et ont presque «évacué» les Hauts-Plateaux et le Sud du pays, l'hostilité des lieux et leur inhospitalité en matière de subsistance ayant fait fuir même les plus attachés à leur région. Dès le recouvrement de sa souveraineté, l'Algérie s'est engagée dans une industrialisation qui n'a visé que sa partie nord et y a centralisé toute l'activité économique, faisant l'impasse sur les autres régions. Ce qui devait inévitablement créer des disparités et pousser, tôt ou tard, les populations à s'installer là où il y a du travail. Il ne faut pas avoir peur de dire que nos dirigeants ont manqué de discernement tout au long des années écoulées et que leur politique d'exclusion a eu pour conséquence la situation actuelle. Une situation marquée par un déséquilibre flagrant sur le plan économique qui a donné lieu à des inégalités sur le plan social et créé des frustrations. Ce sont d'ailleurs ces inégalités qui sont souvent à l'origine d'émeutes et du déchaînement des jeunes générations qui se sentent délaissées. Des projets de relance et de développement socioéconomique demeurent en l'état, prisonniers d'intérêts étroits et de divergences de vue, alors que les investissements prennent d'autres directions jugées plus rentables. Par habitude ou par calcul, les opérateurs postulent tous pour les villes du nord et évitent les régions intérieures et le sud du pays qui restent ainsi boudés par l'effort d'investissement économique. Un des arguments avancés autrefois, qui était l'enclavement de ces régions, n'est pourtant plus valable ; la densification du réseau routier à travers la réalisation de routes et d'autoroutes ayant aplani les obstacles et rendu accessibles ces contrées qui attendent leur part de croissance. On ne sait par quel raisonnement les pouvoirs publics ne pensent pas à baliser le chemin pour les investisseurs et les inciter à aller au plus profond de ce pays pour le rendre plus viable dans sa totalité, pour tous ses enfants. Il est inconcevable qu'ils choisissent la facilité pour un maximum de profits, sans que les populations ne puissent en tirer bénéfice par le travail et par une vie et un environnement meilleurs. Il relève de la responsabilité de l'Etat de redéfinir les règles de l'investissement en imposant la destination des Hauts-Plateaux et du Sud, comme il relève de sa responsabilité, en tant que premier investisseur, à ne faire l'impasse sur aucune région du pays. Le prix de la cohésion nationale, c'est celui-là. Il s'agit de combattre les disparités et d'assurer l'égalité des chances, en ciblant tout le territoire national et en révoquant ces choix injustifiés pour l'agriculture ou l'industrie selon la région. Il serait plus judicieux d'opter pour les deux, pour un développement plus harmonieux et plus juste.