Photo : S. Zoheir Par Rachida Merkouche L'aménagement du territoire et le plan ORSEC en matière de catastrophes naturelles telles que les inondations semblent être de bien grands mots quand un aspect aussi simple que celui lié à la prise en charge des conduits d'évacuation des eaux de pluie se révèle un désastre. Comment pourrait-il en être autrement, et comment compter sur leur efficience, lorsque le simple bitumage de la chaussée, la pose de carreaux sur le trottoir ou la réalisation d'un regard prouve un manque de savoir-faire flagrant. Des tapis de goudron sont posés n'importe comment et sont souvent superposés à tel point que la chaussée se retrouve au même niveau que le trottoir. Le bâclage caractérise de plus en plus les travaux, l'achèvement dans les délais semblant être le principal souci, sans que les entreprises de réalisation y trouvent à redire. On constate à plusieurs endroits l'inexistence de caniveaux et même d'avaloirs le long des chaussées, alors que le carrelage des trottoirs constitue de véritables guets-apens où l'on se fait prendre les pieds et asperger d'eau boueuse. Des regards surélevés par rapport aux routes rendent celles-ci impraticables dès que de fortes pluies s'abattent sur la région, et sont généralement obstrués à longueur d'année. Ce qui revient à dire que l'évacuation des eaux pluviales est laissée à la charge de Dame Nature, qui, elle, n'a d'autre choix que de laisser faire la furie des eaux. Combien de tragédies a connues notre pays, ce qui supposerait qu'on en ait tiré les leçons qui s'imposent et que l'on œuvre pour éviter d'autres drames. Les inondations de Bab El Oued en 2001, les plus meurtrières et celles qui ont fait pleurer tout le pays, ont marqué les Algériens et resteront dans les mémoires. Cet événement douloureux aurait pu provoquer une onde de choc au sein de toutes les institutions qui ont en charge la gestion de tous les volets liés à la prévention des catastrophes et à la protection des citoyens. Tout porte à croire que ce n'est pas le cas. Les intempéries continuent de causer la mort d'hommes alors qu'il est aisé de maîtriser les précipitations atmosphériques. La diffusion de bulletins spéciaux par les services de météorologie vise justement la prise en main de ces perturbations dans le but de limiter les dégâts. Seulement, ces derniers sont carrément ignorés au vu des conséquences qui découlent des pluies et des dégâts humains et matériels enregistrés. Des pluies saisonnières submergent des responsables qui ne sont pas en mesure d'agir par anticipation, et qui pataugent dans le mensonge quand leur laisser-aller est à l'origine de catastrophes. Chaque année, on pense que les victimes de l'année précédente sont encore dans les mémoires et que la décence empêchera qu'il y en ait d'autres, mais ce n'est jamais le cas. L'automne et l'hiver provoquent chez les populations la crainte de voir le même scénario se répéter, les expériences vécues jusque-là prouvant que la prévention n'est pas utilisée comme un paratonnerre. Les différents services devant intervenir en amont s'illustrent trop souvent par leur inertie. Faute de curage des oueds et de construction de digues, des citoyens sont surpris par les crues et nombre d'entre eux y laissent leur vie. Là aussi, les élus devraient répondre de leur négligence, pour délivrance de permis de construire aux abords des oueds, et même de non-assistance à personnes en danger, pour non-évacuation de ces personnes une fois les bulletins spéciaux des services de la météorologie sous leurs yeux.