Un des plus grands défis de l'année 2010 est de reconquérir l'esprit de la convivialité dans les quartiers, plus particulièrement chez les jeunes en mal-être. Ces jeunes, surtout ceux des quartiers les plus défavorisés, ont prouvé, encore une fois, qu'il suffisait qu'on leur donne une once d'espoir à travers un sujet fédérateur, à l'instar du parcours de l'équipe nationale de football, pour qu'ils canalisent leur énergie à offrir ce qu'il ya de plus beau et reconquérir la fierté de leur identité algérienne. Malheureusement, cette liesse populaire, n'est en fait que l'arbre qui cache la forêt, car l'année 2009 a été marquée par de nombreuses émeutes dans diverses régions d'Algérie. En fait, ce bouillonnement social n'est que le constat amer et le reflet d'un mal-vivre social, de la détérioration des relations sociales et d'un fossé qui ne cesse de se creuser entre citoyens et élus. Les éternels problèmes de logement, de l'exclusion scolaire, du chômage, de l'inflation galopante et des prix d'aliments de base de plus en plus élevés. Ajoutées à cela les disparités sociales et la corruption, autant d'ingrédients à un cocktail explosif qui risque de faire des dégâts incommensurables si des mécanismes ne sont pas rapidement mis en place. Des mécanismes qui doivent d'abord être installés au niveau de la base de la société algérienne, c'est-à-dire dans les quartiers. Jusqu'au début des années quatre-vingts, aussi bien l'Etat que la société civile ou les comités associatifs étaient impliqués dans la gestion des quartiers. Puis, face au désistement de ces structures pour de multiples raisons, la mosquée à pris le relais et le parti islamiste dissous a investi le vide social par des actions caritatives qui lui ont donné une grande force de frappe et d'occupation des quartiers populaires. Après la dissolution de ce parti et avec le recul de la société civile, les quartiers se retrouvent une nouvelle fois livrés à eux-mêmes.Entre désabusement et frustration, la plupart des habitants des communes d'Algérie subissent quotidiennement, d'une part l'incivisme et, d'autre part, les multiples pressions sociales. Les jeunes, rongés par l'ennui et l'oisiveté, sont face à une réalité de plus en plus dure. Pour y échapper, certains choisiront la «harga», mettant en péril leur vie dans des embarcations de fortune pour un hypothétique Eldorado en Occident, d'autres s'enliseront dans des fléaux tels que la drogue, la prostitution ou se réfugieront dans la religion qui prend des formes de plus en plus radicales. La sonnette d'alarme est pour une énième fois tirée, et il est urgent de pallier aux multiples dysfonctionnements dans les quartiers à travers un véritable travail de proximité, envers toutes les catégories sociales désemparées et plus spécifiquement envers les jeunes et les retraités. Selon les sociologues, le quartier est le lieu privilégié où se nouent les liens sociaux et où se construit le processus de socialisation et d'identification. La commune, les organisations de masse, les associations, les comités de quartier, ou toute autre forme de structure civique pouvant œuvrer au rétablissement d'une véritable implication dans la vie de quartier doivent sortir de leur léthargie et se réapproprier l'espace urbanistique pour réinstaurer une réelle convivialité dans les quartier afin de renouer les liens sociaux. Face aux insuffisances des services sociaux, il s'agit d'aller au-delà de la simple politique de solidarité et d'assistanat pour réapprendre le véritable sens des devoirs et droits civiques et de la citoyenneté. Pour cela, les réseaux d'encadrement, à l'instar des comités des fêtes, doivent réactiver les activités au sein des structures culturelles. Renouer également avec l'esprit du développement des pratiques de loisirs, tels que les excursions en dehors des pôles urbanistiques, les campings ou les visites de sites historiques. Il s'agit aussi d'impliquer les comités de quartier dans des activités civiques tels que les campagnes de nettoyage, la sensibilisation au respect de l'environnement, l'entraide… Il faut aussi de renouer avec les activités sportives de proximité. Dans cet esprit, il s'agit surtout de contrer le désespoir des citoyens par un véritable dialogue entre tous les interlocuteurs sociaux où l'idéal sportif serait un outil pour inculquer les valeurs du respect, de l'amitié, de fair-play et de tolérance. Au-delà de l'esprit de la compétition, instaurer une véritable philosophie de la vie communautaire, basée sur les principes olympiques de tolérance, de solidarité, d'humanisme et d'universalité et où il est souligné qu'«il vaut mieux viser la perfection et la manquer que viser l'imperfection et l'atteindre». S. A.