De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Au-delà des sanctions disciplinaires (annulation du résultat obtenu, exclusion temporaire ou définitive des compétitions), l'athlète qui a recours aux produits dopants fait planer sur sa santé des dangers allant de la dérégulation physiologique interne aux troubles cardiovasculaires en passant par la fragilisation du métabolisme, l'agressivité, les ruptures tendineuses, l'hypertension artérielle, l'embolie pulmonaire… et même la mort. Soit, une multitude de risques qui devraient dissuader le plus ambitieux des sportifs mais qui, à l'évidence, n'exercent aucun effet sur un certain nombre d'athlètes qui continuent de se doper pour l'argent et la gloire. Témoignage du lutteur suédois Pelle Svenson : «Je sentis mon énergie décupler deux mois après le début du traitement au testoveron, j'avais rattrapé mon retard sur l'élite mondiale en douze piqûres. Je gagnais le championnat du monde en juillet 1970. Un an après, je commençais à subir les effets négatifs du traitement : nervosité, mauvaise humeur, foie en mauvais état… De même, sans raison particulière, j'accumulais les accidents musculaires. Ce fut d'abord mon deltoïde droit, ce muscle qui fait l'arrondi de l'épaule : distension ligamentaire. Puis, mon grand dorsal gauche : déchirure. La guérison rapide ne me fit pas oublier cette sensation débilitante de voir mes muscles partir en charpie. J'étais devenu trop fort pour mes tendons et mes fibres musculaires [...] Quatre mois avant les Jeux de Munich, je fus cloué au sol par une déchirure d'un des muscles du mollet […]. Jamais cela ne m'était arrivé en dix-huit ans de pratique sportive. La déchirure se cicatrisa en moins de trois semaines mais je devenais de plus en plus bizarre. Mon entourage avait l'impression que j'étais ivre et ce fut une révélation : à cause du testoveron, mon foie fonctionnait moins bien, ses capacités d'élimination étaient très diminuées.» Malgré l'arrêt des piqûres, l'action du testoveron se faisait toujours sentir et le lutteur suédois s'entraînait davantage pour se fatiguer au maximum. «Le sportif est fichu et l'homme est handicapé pour la vie» Lors des préliminaires d'un tournoi olympique, après avoir éliminé difficilement un jeune espoir bulgare, le tirage au sort l'opposait à Tore Herm. «Dès le début de la rencontre, raconte-t-il, une douleur fulgurante me déchira le dos, de bas en haut jusqu'à la nuque. Comme si l'on m'avait labouré avec un fer rouge... Je sombrai dans l'inconscience... Quand je revins à moi, j'étais allongé sur une table de massage dans les vestiaires. Je ne pouvais plus bouger ; mon bras gauche et tout le côté gauche de mon thorax étaient morts ; le médecin de notre délégation était penché sur moi : [Votre grand dorsal est complètement déchiré, dit le toubib, comme une étoffe trop mûre. Les jeux sont terminés pour vous...]» Une horrible expérience qui incita le lutteur suédois à mettre en garde l'ensemble des athlètes de toutes les disciplines sur les dangers des anabolisants. «Arrêtez cette folie ! Ces hormones androgènes provoquent des ravages dans l'organisme : dérèglement du métabolisme du calcium, ralentissement de la fonction d'élimination du foie, cancer de la prostate, etc. Leur effet [bénéfique] sur les masses musculaires ne peut durer qu'un temps car les fibres musculaires hypertrophiées imposent aux tendons, aux ligaments et aux articulations des efforts qu'ils ne peuvent soutenir. Un squelette prévu pour supporter 80 kg en supporte difficilement 30 à 40 de plus. Alors, les tendons se rompent et les articulations se déforment. Le sportif est fichu et l'homme est handicapé pour la vie.» Et encore ! L'histoire de Pelle Svenson est survenue avant l'apparition du dopage sanguin et des manipulations génétiques pour améliorer les performances sportives, autrement plus dangereuses pour l'intégrité physique de l'athlète. Autre drame lié au dopage, celui du boxeur Bob Hazelton, Américain qui, pour renforcer sa masse musculaire et combattre dans la catégorie des poids lourds, lui qui ne pesait que 83 kilos, a eu recours aux anabolisants. Après une série de 11 victoires et un poids passé au-dessus de 100 kilos, l'accoutumance a pris le dessus et ne s'est arrêtée que lorsque l'athlète a dû se faire amputer de la jambe gauche, puis de la droite quelques mois après. Outres les troubles du rythme, les effets hépatiques, le cancer du foie, les spécialistes assurent que l'usage des produits dopants peut provoquer la mort subite par la dégradation complète de la fonction cardiaque : «L'augmentation des cavités cardiaques, associée à une hypertrophie myocardique et une modification de la conduction cardiaque est un cocktail explosif provoquant une impossibilité de fonctionnement de la pompe cardiaque. C'est la mort subite», expliquent-ils en mettant en garde contre l'usage des stéroïdes anabolisants.