Dans exactement une semaine sera donné le coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des nations de football en Angola. Une compétition qui prend de plus en plus d'importance et qui focalise surtout les regards du reste du monde depuis que, parmi les meilleurs compétiteurs de ce sport universel, les footballeurs africains sont légion et s'affirment surtout comme des éléments essentiels au sein des clubs où ils évoluent. C'est aussi une compétition qui charrie d'autres débats passionnés à chaque fois que les sélections nationales africaines qualifiées expriment leur intention de faire appel à leurs professionnels évoluant dans les différents championnats. Européens notamment. C'est donc celui de la disponibilité des joueurs sans qu'il y ait besoin d'en arriver à des situations contentieuses. Or, il s'agit-là d'un dossier sujet à d'interminables palabres entre les représentants des pays concernés et les directions des clubs professionnels employeurs, incitant à des titres médiatiques ronflants, provocateurs, moralisateurs. En somme, beaucoup d'agitation autour d'un sujet que cerne superbement la réglementation internationale et que vient de rappeler, lors de son dernier congrès tenu au début de l'été dernier, la FIFA. Et son secrétariat, pour garder les mémoires fraîches, se fendant même le 14 octobre 2009 d'une circulaire numérotée 1207 adressée à l'ensemble des pays membres et, donc, rappelant à ceux (pays membres) concernés leurs obligations.Bien entendu, il ne suffit pas d'écrire aux clubs professionnels, essentiellement d'Europe, pour espérer ou supposer que ces derniers obtempèrent les doigts sur la couture du pantalon à une injonction qu'ils savent modulable pour peu qu'ils rechignent à le faire ou, mieux, s'ils tapent du poing sur la table.Les présidents Aulas, Laporta, Derek Mc Glynn, successivement de l'Olympique Lyonnais, du FC Barcelone et porte-parole du G14, et bien d'autres encore, l'avaient amplement compris il y a de cela une dizaine d'années quand les clubs les plus opulents d'Europe, et pour certains de la planète, avaient décidé de créer le G14, une sorte de syndicat des patrons de club de football, pour dire qu'il n'était pas question pour les clubs professionnels de faire l'impasse sur des joueurs qui assurent non seulement le spectacle et remplissent gradins et tribunes mais plus particulièrement en l'absence desquels l'équipe dans laquelle ils évoluent ne tourne plus rond ou ne tourne pas du tout.Dans l'une des dispositions de ses règlements généraux, la FIFA ordonne : «Un club ayant enregistré un joueur doit mettre ce joueur à la disposition de l'association du pays pour lequel le joueur est qualifié» et dans une autre : «Le joueur doit également être mis à disposition pour la période de préparation précédant une rencontre» et, enfin, «pour une compétition finale dans le cadre d'un tournoi international, quatorze jours avant le match d'ouverture du tournoi».Ce qui, au demeurant, est peu évident ; des clubs devant disputer des matches importants comme c'est le cas pour le Glasgow Rangers et l'inénarrable derby écossais restant peu enclins à accéder aux desiderata de la sélection nationale requérante. Dans ce cas précis, celle d'Algérie.Mais faudrait-il pour autant jeter la pierre à ces clubs employeurs en ce sens que si la mise à disposition des professionnels étrangers n'est pas négociable financièrement, voire que toute compensation financière est même strictement interdite alors que très souvent des joueurs leur reviennent en piteux état et pour certains voient jusqu'à leur carrière prendre fin suite à une méchante blessure au moment où leurs dirigeants, sinon leurs instances nationales, ne prennent même pas la peine de contracter une assurance spécifique lors d'un match de préparation ou une rencontre amicale. Il n'y a nul besoin de citer des cas de figure de triste mémoire. Concédons toutefois que tout imputer aux clubs employeurs semble être le raccourci le plus rapide pour stigmatiser une situation. Or, il faudrait également se poser la question de savoir si le ou les joueurs ne profitent pas d'un tel alibi parce qu'en réalité, ils ne sont pas très enthousiastes à l'idée de rejoindre des regroupements ou de disputer des rencontres qui ne meublent pas leur actualité ou leur CV. Plus clairement, n'est-il pas plus avantageux pour Bougherra d'être de la fête pour le derby du 3 janvier que de se plonger dans l'anonymat d'une région de France ? En d'autres périodes, certains joueurs n'avaient pas hésité à prétexter une indisponibilité pour raison de blessure dans ce qui semble néanmoins relever de la plus ridicule maladie diplomatique. En tout état de cause, la direction exécutive de la FIFA qui a ergoté, menacé, en affirmant qu'il n'était pas question de parler argent dans cette affaire, s'est néanmoins pliée aux exigences du G14 et a sollicité des pays de compenser financièrement l'accord obtenu de clubs donnés pour permettre aux professionnels africains de rejoindre leur sélection nationale. Cause de ce revirement : la menace brandie par le G14 de créer un championnat européen parallèle. Autrement dit, le G14 était parvenu à toucher là où ça fait mal. Plus clairement, le portefeuille de Blatter et de ses collaborateurs. D'ailleurs, le G14 s'est ensuite auto-dissous une fois cette concession obtenue. A. L.