De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali «Résilience carcérale» est l'intitulé que Nourine Dejouat a voulu donner aux dessins qu'il expose à partir d'aujourd'hui à Espace Lotus, la nouvelle galerie d'art de Moussa Médiène. Réalisés, il y a une dizaine d'années, dans le secret des geôles oranaises où il avait été jeté pendant plus de quatre années, ces dessins reflètent l'abominable destin des milliers de cadres algériens qui, comme lui, ont été injustement incarcérés dans les années 1990. Les visages tourmentés que Djelouat a tracés sur toutes sortes de papiers avec un simple stylobille expriment la terrible détresse de ces prisonniers que l'on avait arrachés aux leurs et dépouillés de toute dignité. Mais, par-dessus tout, ils expriment l'incom préhension et l'impuissance de celui qui, après avoir accompli un devoir, se retrouve sur l'échafaud prêt à être exécuté par celui-là même qui l'avait chargé de la tâche. «Il a réussi à cacher ces dessins à ses gardiens et à les confier aux proches qui le visitaient en prison. Grâce à lui, on peut avoir une idée de la terrible épreuve que les cadres algériens ont subie pendant de longues années», résume le responsable de la galerie, Moussa Mediène. Ancien directeur général de la défunte Entreprise nationale de distribution des produits alimentaires (Edipal), Djelouat Nourine enseigne aujourd'hui l'économie à l'université d'Oran et consacre son temps libre à l'initiation du judo aux amateurs de ce sport. Le vernissage de l'exposition aura lieu à 17 heures dans les nouveaux locaux d'Espace Lotus à Miramar, au 02, rue Capitaine Abdelkader Chellali (ruelle menant de la BDL vers la rue Mirauchaux).