Il serait presque inimaginable d'évoquer plusieurs exemples de réussite dans le domaine artistique et culturel sans évoquer l'association Limma, fondatrice du festival Dimajazz aujourd'hui inscrit dans les agendas internationaux. Plus qu'une célébration de la musique jazz, Dimajazz est un label reconnu et synonyme de qualité. Pour aboutir à ce résultat, le travail a été dur pour les membres de l'association Limma de Constantine. Dans une ville où le malouf est roi, l'idée de voir émerger un nouveau style musical laissait les gens sceptiques. Conscients de cela, six musiciens ont décidé d'unir leurs forces et de se battre ensemble pour s'imposer. Il s'agit de Zouhir Bouzid, Kamel Belkacem, Nourredine Nesrouche, Brahim Mecher et des défunts Azziz Djemmam et Adel Merrouch. «Toutes les portes étaient fermées ; c'était verrouillé de partout et il était quasi impossible d'envisager quoi que ce soit. Donc, nous avons décidé de nous organiser en association pour défendre notre musique», déclare Nourredine Nesrouche. L'association se crée en 1999 pour donner naissance l'année suivante au 1er festival local de musiques modernes. «Pour la première fois, nous avons présenté au public constantinois de nouveaux genres musicaux tels que le rap, le rock et le jazz», dira le même interlocuteur. En 2001, Limma élargit ses horizons avec un festival national avec pour guest star le groupe Gnawa Diffusion, un événement inédit à Constantine. «A ce moment-là, nous avons commencé à voir grand et à oser, d'où la première édition du Dimajazz en 2003», souligne Nesrouche. Pour rappel, le festival a porté le nom de Majaz. Une fois le but atteint, les membres de l'association n'hésitent pas à multiplier les efforts pour faire valoir leur événement mais le destin fut cruel envers eux puisque deux membres fondateurs décèdent : Azziz Djemmam disparaît le 23 juillet 2005 suivi d'Adel Merrouch. L'association frappée dans son élan ne lâche pas prise et continue sa mission pour honorer les défunts. D'ailleurs, l'édition suivante du Dimajazz rendra un vibrant hommage à Azziz Djemmam. Les efforts ne seront pas vains puisque, la même année, le festival est institutionnalisé. Aujourd'hui, l'association Limma se prépare à entamer la huitième édition du Dimajazz qui promet d'être riche en surprises si l'on se fie à leur tradition qui consiste à faire mieux chaque année. D'ailleurs, en 2009, le festival a fait le bonheur des Constantinois avec comme affiche Bernard Allison, Trilok Gurtu et Tony Allen Band. Aussi, l'association organise régulièrement des stages de formation destinés aux jeunes musiciens. On citera le dernier animé par le groupe Akamoon. Elle parraine également les nouveaux groupes de jazz algériens à l'image de Madar et Sinouj. Parmi ses projets futurs, l'association Limma inaugurera bientôt sa propre école de formation en musique à Constantine. «Nous avons eu l'accord des autorités locales qui nous ont dotés d'un siège qui sera bientôt une école de formation en musique. Il ne s'agit pas d'une école classique mais d'un regroupement de locaux de répétition pour les jeunes artistes, qui seront supervisés par des professionnels. Aussi, il y aura un studio d'enregistrement pour confectionner les maquettes», déclare Nourredine Nesrouche. En somme, l'association Limma a donné un bel exemple de persévérance et a bien démontré que quand on veut on peut ! Au-delà des idées reçues et des mentalités figées, c'est une bande de musiciens qui ont réussi à bousculer toute une société et baptiser un nouveau mouvement artistique et en faire un rendez-vous international. Donc, rendez-vous l'an prochain et longue vie à Limma et à Dimajazz, bien sûr ! W. S.