Le groupe Madar a représenté, il y a quelques jours, l'Algérie lors d'une semaine d'échanges culturels en Russie. A l'occasion de leur concert, prévu le 21 mai à El Mougar, ils annoncent en exclusivité à El Watan Week-end un duo avec le célèbre saxophoniste français Stéphane Payen. Le groupe Madar vient de rentrer de Russie, où il a représenté l'Algérie. Une consécration de plus... Tout à fait ! Cette sortie était formidable pour les musiciens de Madar qui ont eu la chance, pour la première fois depuis la création du groupe en 2007, de représenter l'Algérie à l'étranger. C'est un grand pas pour le jazz algérien qui s'exporte de mieux en mieux. Plusieurs artistes algériens ont participé à cette semaine culturelle en Russie : Ezahwania, Cheb Akil, Amine Dehane, Djamal Laroussi et le ballet national. Chaque artiste a donné ce qu'il avait de mieux pour faire connaître nos divers styles de musique et de danse au public russe. Le style de Madar est-il plus facile à jouer à l'étranger qu'ici ? Notre style se veut à la fois traditionnel dans le contenu et contemporain dans la forme. Il s'adresse à tous types de public. Les divers horizons artistiques des membres ont-ils contribué à donner une identité propre ? Effectivement. Moi-même, j'ai une formation arabo-andalouse et chaâbi, Amine Hamerouch est une icône dans la musique moderne et jazz algérien, Gamoura Nadjib et Nazim Benkaci ont une formation jazz qui s'est renforcée après leurs stages en Belgique et en Algérie avec plusieurs groupes et écoles de formation en musique jazz. Comment s'est faite l'harmonie autour du projet Madar ? Suite à une résidence de formation organisée par l'association Limma de Constantine en collaboration avec le groupe français Thot en 2007, le groupe a pris vie et commencé à se construire tout doucement avec une première apparition en 2008 au festival Dimajazz de Constantine. L'album live de ce concert est sorti en 2009. Le public a aimé et nous a soutenus durant ces trois années et continue à le faire. Madar est fier de ce public qui sait reconnaître ses racines, même à travers du jazz contemporain algérien. Le fait d'être un violoniste reconnu par un grand label de jazz, c'est plutôt un avantage ou un fardeau ? ECM est un label international de jazz qui a signé avec Keith Jarrett, Paul Bley, Jan Garbarek, Chick Corea, Pat Metheny, The Art Ensemble of Chicago et bien d'autres. Je suis très content de voir que la couleur du jazz algérien est arrivée à intégrer un tel label. Alors que s'ouvre le Dimajazz, que pensez-vous de ce festival ? Le Dimajazz est une plaque tournante importante dans l'histoire de la musique algérienne. Grâce à lui, le public algérien a renoué des liens très forts avec ce qui se passe dans le monde, à travers tous les groupes qui s'y produisent. Pour nous, artistes algériens, ça reste le meilleur endroit pour nous mettre à jour en live, avec toutes les nouveautés musicales actuelles. Le jazz demeure-t-il une musique d'élite ou s'est-il réapproprié sa première essence, c'est-à-dire la musique populaire ? Le jazz pour nous est un style de musique inépuisable et indémodable. Il est passé par des générations qui ont fait de lui une musique d'élite jusqu'à ce jour, mais il n'a rien perdu de sa première essence malgré l'évolution des années. Bien au contraire, il a encore de très beaux jours devant lui. Le jazz a plus de cent ans d'existence. Son succès reste intact après toutes les innovations musicales. A votre avis, quel est son secret ? Il n' y a pas de secret ni de recette magique. Ceux qui durent ont juste travaillé, suivi leur temps sans oublier l'essentiel, les racines. Bio express Kheireddine M'Kachiche est né dans le quartier de Bab El Oued en décembre 1972. Il intègre le Conservatoire d'Alger en 1983 et évolue au sein de l'association de musique arabo-andalouse El Fakhardjia. Entre 1986 et 1990, Kheireddine participe à plusieurs festivals en Algérie. Ce passionné de musique traditionnelle algérien est très inspiré par la musique chaâbi et hawzi. Très tôt, le musicien est sollicité par beaucoup d'artistes : Abdelkader Guessoum, Reda Doumaz, Aziouz Raïs, Abdelkader Cherchem, Boualem Rahma, Mehdi Tamache, et quelques années plus tard par El Hachemi Guerouabi et Amar Ezaahi. Depuis, Kheireddine M'Kachiche cumule les invitations aux plus prestigieuses scènes mondiales, parfois avec son groupe Madar ou avec d'autres formations internationales.