Cabinda est sous tension. Depuis le mitraillage du bus des joueurs de l'équipe nationale du Togo et le décès de deux cadres dirigeants, l'entraîneur adjoint et le chargé de communication de l'équipe des Eperviers. La peur a gagné les autres délégations présentes dans cette ville située au cœur d'un conflit qui risque d'éclipser les enjeux du football et l'atmosphère festive promise pourtant en grande pompe par le comité d'organisation de la CAN 2010 en Angola. Force est ainsi de le constater que la fête est bel et bien gâchée et cette compétition continentale ne démarre guère sous de bons auspices. Le Togo rappelle donc ses joueurs et annule la participation de sa sélection à cette compétition, estimant que cerait «irresponsable de la part des autorités togolaises de les laisser continuer». Mais qu'en est-il alors des trois autres sélections présentes encore en ce moment à Cabinda ? Pour l'heure, une chose est sûre : l'angoisse et l'inquiétude terrassent les joueurs ghanéens, ivoiriens et burkinabés. Et pour rassurer leurs poulains, les gouvernements sont entrés en scène. Preuve en est, hier après-midi la ministre de l'information ghanéenne, Zita Okaikoi, a fait savoir que le président du Ghana, John Atta-Mills, a demandé «une sécurité renforcée pour (...) les joueurs durant la Coupe d'Afrique des nations, dont le coup d'envoi est prévu aujourd'hui. La sécurité de nos joueurs et de tout autre pays participant est très importante, d'où le besoin de mesures de sécurité renforcées», a-t-elle souligné sans donner aucune mesure concrète. Un peu plus tôt, sur RMC Info, le sélectionneur de la Côte d'Ivoire, Vahid Halilhodzic, confirme qu'un départ de son équipe a été évoqué. Mais le Bosniaque assure tout de même que l'heure n'est plus au boycott. «Nous allons continuer la compétition… Certains joueurs avaient peur pour leur vie parce qu'on ne savait pas vraiment ce qui s'était passé. On a évoqué un départ. Des membres du gouvernement sont venus nous apporter leur soutien et nous rassurer», a-t-il expliqué. Par cette réaction, le sélectionneur des Eléphants de la Côte d'Ivoire a, semble-t-il, voulu dissiper le moindre doute sur la participation de son équipe à cette CAN angolaise. La Côte d'Ivoire aurait donc reçu de sérieuses assurances de la part des autorités angolaises quant à sa sécurité à Cabinda. A ce propos, il convient de signaler que le village olympique au sein duquel sont hébergées les sélections ivoirienne, ghanéenne et burkinaise est mis sous surveillance par un dispositif sécuritaire impressionnant. Tout est donc fait pour faire revenir la sérénité parmi les délégations présentes à Cabinda. Certaines d'entre elles ont d'ailleurs confirmé que les conditions de sécurité sont réunies à l'intérieur de la ville. Dans ce sens, le sélectionneur portugais du Burkina Faso, Paulo Duarte, a estimé vendredi que l'attaque, vendredi dernier, du bus qui transportait l'équipe togolaise était un «épisode isolé» et assuré qu'il se sentait en «sécurité» à Cabinda. «Dans mon opinion, la sécurité est bonne. Nous sommes bien protégés. Il s'agit à mon avis d'un épisode isolé touchant une équipe qui n'avait pas voulu intégrer ou respecter l'ensemble des règles de sécurité de la CAN», a déclaré Paulo Duarte à l'agence angolaise Lusa. Un avis que ne partagent tout de même pas les Ghanéens et les Ivoiriens qui ont même demandé leur transfert à Luanda pour entamer la compétition loin de ce climat de tension et de peur. Chose qui, jusqu'à l'heure, ne leur a nullement été accordée. Enfin, une chose est sûre : tout le monde espère que dans les jours à venir aucun incident ne viendrait assombrir encore davantage cette 27e édition de la CAN de football… A. S.