Synthèse de Samira Imadalou C'est le satisfecit des avionneurs à l'issue du dernier Salon de l'aéronautique de Farnborough en Grande-Bretagne. La récolte est bonne que ce soit pour Airbus ou Boeing qui ont raflé la mise en enregistrant des commandes importantes. Airbus, filiale du groupe européen EADS, s'est vanté d'avoir réalisé le «deuxième meilleur» Farnborough de son histoire, avec un total de 256 commandes fermes et engagements, d'une valeur cumulée de 40,5 milliards de dollars. Le groupe a ainsi battu nettement son grand rival, l'américain Boeing, qui s'est contenté de 205 commandes, pour un montant nettement inférieur de 25 milliards de dollars. Mais qu'en est-il pour l'avenir ? Selon les spécialistes, la hausse du prix du carburant risque de coûter cher aux constructeurs aéronautiques américain Boeing et européen Airbus dont 25 à 30% des commandes d'avions pourraient être ajournées ou annulées par des compagnies en difficulté. Cependant, Airbus et Boeing restent optimistes en prévoyant de construire entre 24 000 et 28 000 avions d'ici à 2026. Certes Airbus prédit un ralentissement des commandes au deuxième semestre 2008 et l'an prochain. Mais la tendance à long terme est positive, selon les prévisions de ce constructeur. Pour sa part, Boeing a fait état d'une demande «toujours forte», soulignant que 2008, sans égaler les précédents crus, serait malgré tout «une bonne année». Airbus remporte une commande géante de 100 avions auprès de Dubai Le grand fait marquant de la semaine aura été la confirmation de la montée en puissance des compagnies aériennes du Golfe, gros clients des salons aéronautiques, qui ont cette année encore porté le marché. Et pour cause, le transport aérien dans cette riche région pétrolière est en pleine croissance et les pays investissent massivement dans les aéroports et les flottes aériennes D'ailleurs, les pays du Golfe ont annoncé de grands contrats d'achat avec les deux constructeurs mondiaux. Ainsi, Etihad, la compagnie des Emirats arabes unis, a commandé 205 appareils (en comptant des options et droits d'achat), pour une valeur estimée à 43 milliards de dollars. DAE Capital, un loueur d'avions récemment établi à Dubai, a signé un chèque évalué à 12,6 milliards de dollars pour l'achat de 100 Airbus. Cet avionneur a annoncé mardi dernier, pendant le Salon de l'aéronautique, avoir reçu de DAE Capital, filiale de location d'avions du groupe émirati Dubai Aerospace (DAE), une commande ferme portant sur 30 A350 et 70 A320, d'une valeur de 12,6 milliards de dollars au prix catalogue. Ce contrat fait suite, faut-il le rappeler, à la signature par les deux groupes d'un protocole d'accord lors du Salon de l'aéronautique de Dubai, en novembre dernier. Cette commande a été la plus importante pendant ce salon, selon les observateurs. La livraison des appareils devrait intervenir entre 2013 et 2022. Cette commande «souligne notre volonté et notre stratégie de faire de DAE un des chefs de file du marché de la location d'avions, capable de tirer parti de la forte croissance du marché aérien au Moyen-Orient et dans d'autres régions émergentes», a déclaré cheikh Ahmed Ben Saïd Al Maktoum, le président de Dubai Aerospace, cité dans un communiqué repris par les agences de presse. Autre compagnie du Golfe à se mettre en scène, Qatar Airways. Cette dernière a annoncé une volonté d'achat de quatre moyen-courriers A321 et de deux en option auprès de l'avionneur européen. Le montant des quatre avions au prix catalogue est de 361 millions de dollars. Des commandes significatives pour les pays émergents Ce qui a marqué également le Salon de l'aéronautique, c'est la forte demande des pays émergents. Lesquels ont fait des commandes significatives émanant principalement de Corée du Sud, de Russie et de Chine. D'ailleurs, l'américain Boeing a prédit ce mois-ci que, dans vingt ans, le marché chinois serait plus gros que le marché nord-américain actuel. A titre illustratif, la sud-coréenne Asiana Airlines a passé une commande ferme auprès d'Airbus pour 30 long-courriers A350 d'une valeur de 7,2 milliards de dollars au prix catalogue. Ce contrat est assorti de 10 options pour ce même type d'appareils, a précisé Airbus. Leur livraison commencera en 2016 et la compagnie sud-coréenne prendra les trois variantes (plus ou moins grandes, selon le nombre de passagers) de l'A350. L'avionneur américain Boeing a, pour sa part, annoncé lors de cette importante manifestation avoir reçu une commande ferme de la compagnie Malaysia Airlines pour 35 moyen-courriers 737-800, d'une valeur de plus de 2,6 milliards de dollars. Mubadala va devenir un nouveau fournisseur d'Airbus à Abou Dhabi Au terme d'un accord signé mardi dernier entre l'européen EADS, Mubadala Aerospace, filiale du fonds d'investissement de Abou Dhabi, Mubadala, va devenir un nouveau fournisseur d'Airbus. L'usine devrait commencer à être opérationnelle en 2010 et devrait produire des pièces en matériaux composites pour Airbus et «potentiellement pour d'autres constructeurs», selon un communiqué commun de Mubadala et d'EADS repris par les agences de presse. Au départ, cette usine produira des éléments pour certaines parties mobiles des long-courriers A330, A340 et A350 et gros porteurs A380, puis d'autres pièces. Durant les cinq premières années, l'usine devrait créer 2 600 emplois, selon Mubadala. «Cette coopération devrait générer des revenus de plus d'un milliard de dollars sur dix ans pour Mubadala Aerospace». «Ce partenariat va permettre à EADS d'étendre son empreinte au Moyen-Orient en termes de fournisseurs et de capacités de production», ont expliqué Mubadala et EADS. Dans le cadre de cet accord, EADS et Mubadala Aerospace vont développer un centre de recherche, de développement et d'ingénierie, à Abou Dhabi. Cap sur la protection de l'environnement Les groupes du secteur aéronautique ont saisi l'occasion du salon pour vanter leurs efforts en matière d'environnement. Le canadien Bombardier a lancé en grande pompe son C-Series, un court et moyen-courrier qui ne consomme pas beaucoup de carburant. Pour rappel, le constructeur canadien avait relancé l'an dernier ce programme sur lequel il planche depuis dix ans mais qu'il avait décidé de mettre en veilleuse en mai 2006. Un programme qui intéresse d'ores et déjà la compagnie allemande Lufthansa qui a signé une lettre d'intérêt portant sur 60 appareils. Cette nouvelle gamme propose des biréacteurs de 110 à 149 places à couloir unique. Grâce à un nouveau moteur et de nouveaux matériaux composites, ces avions vont émettre jusqu'à 20% de CO2 de moins et économiser jusqu'à 20% de carburant. Selon Bombardier, ils vont permettre de réduire jusqu'à 15% les coûts d'exploitation des compagnies en comparaison à des avions de taille similaire. Le prix de base du C-Series sera de 46,7 millions de dollars. Avec cette nouvelle gamme d'appareils, le constructeur canadien assure qu'il est en mesure de remporter la moitié du marché de ce type d'avions, estimé par le groupe à 6 300 appareils et représentant 250 milliards de dollars d'ici 20 ans. Une concurrence sérieuse pour Airbus et Boeing qui, jusqu'à présent, dominaient ce créneau. Pour les spécialistes du secteur, la réduction de la consommation de kérosène est devenue une «question de survie» pour les compagnies aériennes, étranglées par la spirale des prix du pétrole. Car, faut-il le souligner, au cours des douze derniers mois, les prix du brut ont plus que doublé. Le poste kérosène, qui se taille la part du lion dans les dépenses des transporteurs, a conduit à la faillite plusieurs compagnies aériennes à bas coût. Des transporteurs bien établis, comme American Airlines, Air France ou Lufthansa, ont choisi de sacrifier certains vols long-courriers pour économiser du kérosène, au détriment du chiffre d'affaires.