Airbus et Boeing se disputent sur les aides publiques à la prochaine génération d'avions commerciaux européens au lendemain de la décision rendue par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les subventions européennes à Airbus. Les deux constructeurs aéronautiques ont chacun crié victoire en mettant en avant les points leur étant favorables dans l'avis de 1.000 pages rendu mercredi par l'OMC, qui a ordonné aux pays européens de supprimer certaines subventions accordées à Airbus pour son très gros porteur A380. L'institution a également critiqué d'autres aides publiques, d'un montant moins élevé, en faveur d'autres modèles produits par l'avionneur européen, mais a rejeté plusieurs points soulevés par la partie américaine. Les Etats-Unis estiment que l'avis de l'OMC montre que les Etats de l'Union européenne (UE) doivent s'abstenir d'offrir davantage de prêts au développement pour le futur Airbus A350, qui sont au coeur du conflit initial. Boeing estime en outre que son concurrent doit rembourser environ quatre milliards de dollars (3,2 milliards d'euros) de prêts accordés pour l'A380 ou les restructurer pour les convertir en prêts commerciaux. Airbus rejette ces deux points. L'avionneur européen affirme que le groupe spécial de l'OMC qui a rendu le rapport n'a ni indiqué le montant des subventions à réajuster, ni accusé le groupe européen d'avoir caché le système de financement européen dans son ensemble, seulement certains détails. Les juges de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont infligé mercredi un revers cinglant à l'Union européenne en lui ordonnant de supprimer certaines subventions à l'exportation accordées à Airbus. Dans son rapport de plus de 1.200 pages, le "groupe spécial" de l'OMC estime que l'avionneur européen n'a pu lancer une série d'avions civils que grâce aux subventions de l'UE et des Etats membres que sont la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni. Sans ces aides, Airbus aurait été une société très différente et nettement moins puissante, indique le rapport. Cette décision constitue un revers important pour Airbus mais il ne marque pas pour autant la fin du bras de fer entre la filiale d'EADS et son grand rival américain Boeing sur les aides publiques au marché de l'aéronautique civile, estimé à 3.000 milliards de dollars (2.400 milliards d'euros) sur les 20 prochaines années. Dans ses conclusions, le groupe spécial de l'OMC estime notamment que les aides britanniques, allemandes et espagnoles à Airbus pour l'A380, son très gros porteur de 525 places, équivalent à des subventions illégales à l'exportation et doivent être corrigées d'ici 90 jours. Une aide française en la matière a été validée. Les décisions de l'OMC pourraient avoir un impact sur l'issue de l'appel d'offres lancé par les Etats-Unis pour renouveler la flotte d'avions-ravitailleurs de l'US Air Force, un contrat dont le montant pourrait atteindre 50 milliards de dollars. Airbus et Boeing doivent présenter leurs offres au Pentagone d'ici au 9 juillet. La filiale d'EADS concourra en effet avec un appareil dérivé de l'Airbus A330, l'un des modèles considérés comme ayant bénéficié d'aides illégales. Les élus du Congrès américain qui soutiennent Boeing ont renouvelé leur appel mercredi à tenir compte de la décision de l'OMC dans l'appel d'offres des ravitailleurs. La commission de l'OMC a également demandé à l'UE de mettre fin à d'autres aides ou à leurs effets négatifs aux Etats-Unis, mais elle n'a pas retenu tous les griefs du camp américain. R.I.