De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Au moment où les spécialistes, à travers le monde, ne cessent de parler de l'importance que revêt l'apport de l'esprit créatif dans la formation de la personnalité humaine, dans l'épanouissement des enfants et des adolescents et dans le maintien de leur équilibre affectif, facteurs qui favorisent un comportement harmonieux, l'éducation artistique se voit reléguer au second plan, de la part de la majorité des intervenants. En dehors de l'école, plusieurs animateurs ont constaté qu'il est pratiquement impossible qu'un adolescent se permette une formation dans une discipline artistique de son choix, alors que les pédagogues préconisent une formation plus équilibrée, plaçant sur un pied d'égalité les disciplines scientifiques, techniques et sportives, les sciences humaines et l'enseignement artistique dans les différentes étapes de la scolarité. De plus, les parents avouent que leur progéniture n'a pas assez de temps et ne dispose pas de moyens matériels ou d'espaces nécessaires afin d'intégrer des troupes ou des clubs qui forment des jeunes dans les domaines de la musique, de la peinture, du théâtre ou autres arts. Les enfants scolarisés, à qui les responsables des secteurs de l'éducation et de la culture veulent inculquer une formation artistique afin qu'ils deviennent des artistes et portent le flambeau de la culture laissé par l'ancienne génération, se limitent aux seules activités artistiques contenues dans les programmes scolaires.En effet, dans le cycle primaire jusqu'au moyen, le système éducatif algérien a consacré des horaires destinés à l'enseignement de l'éducation artistique, arts plastiques, la musique notamment, mais si cela est suivi de manière rigoureuse dans les établissements implantés au niveau des grandes villes et de ceux qui bénéficient du concours des autorités locales, il faut bien dire que, dans le milieu rural, le volume horaire consacré à cette discipline n'est presque pas exploité. Selon des animateurs culturels, la réussite d'une telle démarche au niveau des établissements est liée à l'ouverture de l'école sur son environnement ; les enseignants des arts en milieu scolaire sont censés coopérer avec les artistes appelés à fréquenter leur établissement afin que l'éducation artistique puisse jouer pleinement son rôle éducatif, qui est de stimuler la créativité des enfants et des adolescents. Sinon, il n'y a rien à espérer dans l'effort des enseignants. Pour l'initiation aux arts dans les établissements de jeunesse, la situation est moins reluisante. Déjà, plusieurs associations et collectifs culturels se plaignent du manque de moyens nécessaires pour l'encadrement des jeunes attirés par ce type d'activité. Quant à l'école, avec ses objectifs et son organisation, elle est encore loin de pouvoir contribuer à la formation des musiciens, dramaturges, compositeurs ou peintres de demain. De ce fait, l'implication d'autres partenaires, artistes, associations, organismes publics, collectifs professionnels du domaine et autorités chargées de la promotion des activités culturelles est indispensable, surtout si l'on tient compte ces derniers temps de l'émergence d'une catégorie d'adolescents ou d'enfants qui présentent des aptitudes avérées dans les disciplines liées aux arts et ce, dès leur jeune âge. Là encore, ces partenaires ont-ils les moyens et la liberté d'action pour les repérer et les encadrer de manière efficace ? Par ailleurs, si cette tâche devient facile, le développement de l'éducation aux arts est confronté déjà à plusieurs considérations sociales, professionnelles et se trouve freiné par les us et coutumes.