Le nouveau Premier ministre, chef du Gouvernement d'union nationale de Guinée, Jean-Marie Doré, entrera officiellement en fonction mardi prochain, a appris l'agence de presse africaine PANA dimanche à Conakry de source autorisée. Il prendra ainsi le relais de Kabiné Komara, qui avait démissionné de ses fonctions à la Banque africaine d'import-export (Eximbank) en Egypte et était entré en fonction en janvier 2009 au lendemain de la prise du pouvoir par une junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. M. Komara a déclaré récemment qu'il souhaitait que l'audit de ses activités à la primature figure parmi les priorités de son successeur. Pour sa part, le nouveau Premier ministre a pris vendredi un premier acte en interdisant formellement tous les décaissements de fonds sur les comptes publics, à l'exception des dépenses de salaires et de pensions. Selon un communiqué de la primature, cette mesure concerne tous les ministres, les gouverneurs de la Banque centrale, les directeurs généraux des banques commerciales, les gouverneurs de région, les préfets et les chefs des services et projets publics. Par ailleurs, la commission électorale indépendante et les donateurs internationaux s'étaient réunis dimanche pour discuter des prochaines élections, prévues dans un délai de 6 mois. Il s'agissait de la première rencontre depuis qu'un accord de sortie de crise a été conclu à Ouagadougou sous la médiation du président burkinabè, Blaise Compaoré. Les discussions ont porté notamment sur la mise en place d'un chronogramme pour le dépôt des dossiers de candidature, ainsi que sur l'établissement d'un budget préliminaire pour le coût des élections. Selon le Premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré, s'en tenir à ce calendrier représente un grand défi pour l'un des pays les plus pauvres au monde. Pour le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, il est possible d'organiser un scrutin dans ce délai, à l'unique condition de le faire rapidement et avec un soutien adéquat. «C'est une opportunité que devraient saisir toutes les parties prenantes, qu'elles soient nationales ou internationales. Il faut s'assurer que cette fois-ci, nous pouvons aider le pays à sortir de la crise et à retrouver l'ordre constitutionnel», a déclaré M. Djinnit. Tandis que Moussa Dadis Camara est en convalescence au Burkina Faso, après la tentative d'assassinat dont il a été victime, le ministre de la Défense guinéen, le général Sékouba Konaté, assure l'intérim à la tête du pays. En compagnie de Jean-Marie Doré, il chapeautera les 101 membres de l'autorité transitionnelle de Guinée. Avant la réunion de dimanche, Saïd Djinnit s'est entretenu avec le général Konaté ainsi qu'avec Jean-Marie Doré. M. Djinnit a ensuite déclaré : «Je pense que tous souhaitent la plus courte transition possible, qui permettra d'aller vers les prochaines élections, mais qui prévoira également un soutien socio-économique. Je crois qu'il est primordial que le peuple de Guinée voit des signes concrets de réconciliation, comme par exemple la reprise de l'aide internationale, le soutien des institutions financières internationales et des deux principaux partenaires de la Guinée au plan bilatéral. Ce sont tous ces éléments qui permettront le retour à l'ordre démocratique.» M. Djinnit a été rejoint à Conakry par le chef de la Commission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Mohamed Ibn Chambas, et par le représentant de l'Union africaine, Ibrahim Fall. Pour sa part, l'ambassadeur d'Allemagne en Guinée, Karl Prinz, a dit que l'Union européenne était prête à reprendre la coopération avec le gouvernement guinéen, qu'elle soutiendrait l'élection présidentielle et qu'elle contribuerait à la refonte de l'armée. R. I.