Politique n Le Premier ministre de transition, l'opposant Jean-Marie Doré, a souhaité hier à Conakry la tenue d'«élections libres, transparentes et crédibles» et une restructuration de l'armée. «Nous espérons des élections libres, transparentes et crédibles au terme de la transition car c'est, en effet, le passage obligé pour notre pays afin de renouer avec la stabilité», a-t-il indiqué lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs avec le Premier ministre sortant. Il n'a pas donné de date pour l'organisation de ces scrutins. Mais l'accord de sortie de crise signé le 15 janvier à Ouagadougou prévoit la tenue d'une présidentielle «dans six mois». Le nouveau Premier ministre a également appelé «le chef de l'Etat», le général Sékouba Konaté, président de la transition, avec l'appui structuré de la communauté internationale à restructurer et à réorganiser armée. La cérémonie a eu lieu au palais du peuple, siège de l'Assemblée nationale, devant des centaines de personnes, dont plusieurs hauts responsables de la junte et du gouvernement sortant. C'est une «grande armée qui a un passé glorieux en Afrique, mais une certaine gouvernance a, de façon insidieuse, contribué par le laxisme à créer au sein de l'armée une situation que chacun déplore». «L'armée n'est donc pas la seule responsable de ses problèmes, c'est l'abandon à elle-même, les mauvais exemples qui l'ont conduit à cet état», a assuré M. Doré, officiellement nommé Premier ministre la semaine dernière par le président Konaté. «Il faudrait donc qu' ensemble on donne l'appui inconditionnel au général Sékouba Konaté pour, qu'au sortir de la transition, nous ayons une armée qui soit le véritable instrument de la stabilité», a-t-il poursuivi. «Ce sont celles-là les deux fonctions principales de notre gouvernement», a-t-il insisté en faisant référence à la tenue d'élections libres et à la restructuration de l'armée. Véritable colonne vertébrale des régimes successifs de ce pays d'Afrique de l'Ouest, l'armée est toutefois traversée par des divisions politiques, ethniques et générationnelles. La Guinée traverse une crise profonde depuis le coup d'Etat militaire du 23 décembre 2008, perpétré quelques heures après l'annonce de la mort du «général-président» Lansana Conté, à la tête du pays depuis 1984. Cette crise s'est brutalement aggravée avec la répression sanglante par les forces de sécurité d'une manifestation de l'opposition le 28 septembre 2009 à Conakry, qui a fait 156 morts. Le 3 décembre, le chef de la junte a été grièvement blessé à la tête par son aide de camp, qui a tenté de l'assassiner à Conakry. Après plus d'un mois d'hospitalisation au Maroc, il est arrivé le 12 janvier au Burkina Faso, où il poursuit sa convalescence. L'accord de Ouagadougou prévoit aussi que «les membres du Conseil national de transition, le chef de l'Etat de transition, les membres du CNDD, le Premier ministre, les membres du gouvernement d'union nationale et les membres des Forces de défense et de sécurité en activité ne participeront pas à l'élection présidentielle».