De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les plus importantes voies de communication empruntées par les usagers dans la majorité des localités de la région de Kabylie renseignent sans insistance les moins curieux des voyageurs sur la non-gestion du traitement des déchets ménagers alors que ceux rejetés par les petites industries locales encore en vie ne font pas l'objet d'une attention particulière de la part des concernés. A part ces images répugnantes de dépotoirs sauvages implantés dans tous les coins possibles des villages et chefs-lieux urbains enlaidissant les beaux paysages de Kabylie, il est aussi question de ces multiples initiatives et actions que mène la population locale pour exprimer son rejet de telle ou telle décision de l'administration ou demander une meilleure gestion de leurs rejets par les autorités locales qui donnent également une idée de la grave ampleur que prend ce phénomène de décharges sauvages qui gangrènent l'environnement local. Ce n'est que des années après l'explosion du volume des rejets des habitants, qui se sont multipliés entre-temps, que des collectivités locales ont commencé à parler et à débattre de ces décors insalubres qui agressent les résidants et la nature et à esquisser des solutions. Plus tard, les niches à ordures construites en béton aux abords des routes et à proximité des espaces communs de villages et les bacs en plastique mis en place par des APC dans des quartiers se montraient d'aucune incidence fiable face aux tonnes de rejets quotidiens. Au contraire, ces «solutions», qui dégagent a priori les responsables de leur devoir de protéger l'homme et la nature, ont davantage généré de problèmes, en ce sens que beaucoup, sinon tous ces lots à ordures, ont permis de rapprocher de façon dangereuse les déchets toxiques des domiciles des familles qui y résident et de leur environnement immédiat. A ce sujet, rien que durant l'été dernier, plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou ont connu des mouvements de protestation ayant pour origine l'implantation de décharges publiques et le choix de sites qui ne font toujours pas consensus au sein de la population, notamment les riverains. Au mois de juin 2009, des dizaines d'habitants du chef-lieu de la commune de Freha, 30 km de Tizi Ouzou, et des représentants de nombreux villages alentour ont déposé des tas d'ordures devant l'enceinte du siège de l'APC et sur la route principale de Fréha en guise de mécontentement suite à la non-collecte des ordures depuis plus de trois semaines. Cette situation était née du refus par les habitants du village Mlaghni de l'installation de la décharge publique communale sur le territoire de leur village. Mais les rebondissements liés à la décharge d'Azazga, à 37 kilomètres de cette ville, ont été les plus marquants de l'actualité environnementale de l'été dernier. Délocalisée à maintes reprises pour cause de nuisances diverses, la décharge publique de la ville d'Azazga a été l'objet de différentes actions entreprises par des habitants, exaspérés des choix du site par les responsables locaux. Il y a quelques années, les habitants étaient «habitués» aux fumées suffocantes qui se dégageaient de la décharge située à la sortie de la ville d'Azazga, sur la route d'Aghribs, avant qu'elle soit transférée à Tamda N'tqentart, sur la route de Yakouren, suscitant une vague de protestation de la part du village Taddart. «La solution est loin d'être trouvée pendant que les ordures ne cessent de s'entasser dans différents sites anarchiques, où les seules victimes restent l'environnement et les citoyens. Nous voyons cette décharge provisoire se rapprocher de nos maisons […] Quels sont les critères scientifiques ou techniques qui vous ont permis de choisir ce site sachant qu'il est situé dans une forêt [Yakouren, ndlr] et à moins de 200 mètres à vol d'oiseau de l'hôpital d'Azazga, à côté d'une forêt et à proximité d'un cours d'eau ? Avez-vous une idée précise de l'impact des fumées dégagées sur l'état de santé des malades hospitalisés ?», écrivait en colère le comité de village Taddart au maire d'Azazga au moment des hostilités. Après ce bras de fer, le site d'El Aïnseur, au cœur de la forêt de Yakouren, non loin de la Fontaine fraîche, a été choisi. «Nous acceptons sur ce site un centre d'enfouissement technique, bien évidemment construit selon les normes internationales, doté d'un grand bassin de décantation à l'aval pour réduire la pollution des cours d'eau», suggéraient à ce propos les villageois en attendant la réalisation d'un CET à Boubhir. Mais est-ce la meilleure solution, même temporaire ? L'environnement, une préoccupation partagée par toutes les parties ? Pas sûr !