De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La grève générale observée, lundi dernier, «en désespoir de cause» par les commerçants de la ville balnéaire la plus renommée de la wilaya de Tizi Ouzou, la coquette Tigzirt, à l'approche de la saison estivale, balaie du revers de la main les déclarations optimistes des autorités locales quant aux meilleures dispositions qui ont prévalu aux préparatifs des séjours des milliers d'estivants d'Algérie et de l'étranger, qui choisissent la côte kabyle pour leur repos annuel. Les revendications des commerçants de Tigzirt concernent des aspects qui ne doivent même pas être soulevés dans un pays aussi riche naturellement dans le domaine du tourisme et qui voudrait «dans un premier temps» concurrencer les voisins marocains et tunisiens et s'accorder avec les standards internationaux en la matière. Tigzirt demande l'ouverture de la RN 24 (seule voie qui la relie par la côte de la wilaya de Boumerdès) fermée au début les années 1990 pour des raisons de sécurité. Cela l'a privée, ainsi, d'un potentiel important, d'un réseau AEP à même de satisfaire les vacanciers, du raccordement au gaz de ville et des impôts qui tiennent compte de l'activité commerciale réelle des commerçants et des autres segments demandés par le touriste. L'administration locale et les directions en charge du bon déroulement du séjour des vacanciers et des touristes ont appris de leur tutelle d'Alger à noyer tout problème, quelle que soit sa gravité sur les plans sanitaire, sécuritaire, économique… ou ses proportions, dans le tourbillon des «réalisations en cours de réception ou des projets lancés, d'autres inscrits pour 2009-1010, des contraintes temporaires… » Comme si l'aménagement et l'embellissement de sept ou dix plages au maximum des deux villes côtières de la wilaya de Tizi Ouzou, Tigzirt et Azeffoune, et à un degré moindre de la commune d'Aït Chaffaa, exigeaient plus que quelques semaines, des moyens humains et matériels que la dernière des entreprises de la région ne pourrait satisfaire ou que cela demanderait des enveloppes financières importantes nécessitant des délibérations au niveau du Conseil des ministres. Une situation du secteur du tourisme à la limite de la stagnation, notamment sur le plan des infrastructures hôtelières dont le nombre (laissons de côté la qualité de service) n'a pas bougé depuis des décennies et que trahissent même les chiffres qui s'échappent des bureaux de l'administration comme celuifaisant état du taux de fréquentation hôtelière qui a baissé, en 2008, de 10% par rapport à l'exercice précédent. Un contraste avec les discours pompeux que révèlent aussi les coupures courantes d'eau potable engendrant des désagréments aux locataires, le manque d'infrastructures sanitaires pour les soins en nombre et en qualité, des moyens de transport insuffisants et désorganisés et la très mauvaise prise en charge des déchets ménagers sur tout le territoire de la Kabylie. Les multiples et graves dangers de cette situation sur la santé des habitants sont ressentis avec plus d'inquiétude durant les chaleurs de l'été avec les risques de maladies à transmission hydrique en plus de gâcher la vue du panorama local. Pour rappel, environ 3 millions de personnes avaient fait un tour l'an dernier au niveau des plages de la wilaya de Tizi Ouzou contre 1 657 325, en 2007, selon les chiffres de l'administration locale. De son côté, la Protection civile mobilisera 364 surveillants saisonniers de baignade et 45 professionnels dont 7 plongeurs pour la saison estivale de l'année en cours. La saison dernière, les services de la Protection civile ont fait état du décès de 109 personnes, la majorité en dehors des plages surveillées, sur tout le territoire algérien et une affluence sur les plages estimée à 100 millions de personnes.