Une chose est sûre : lorsqu'on parle de musique, les frontières s'effondrent comme un château de cartes. Un concept que le musicien Fethi Tabet a bien assimilé au point d'en faire son propre slogan. Invité par le Centre culturel français d'Alger, il animera un concert exclusif ce soir à la salle El Mouggar à partir de 19h00. Le concert prévu pour jeudi prochain a été décalé à cause de la rencontre footballistique opposant l'équipe nationale à son homologue égyptien. Natif de la région de Sidi Bel Abbès, le jeune Fethi Tabet à lâge de six ans a découvert précocement sa passion pour la musique en regardant un orchestre à la télévision. Fasciné, il se met directement à manier les instruments de percussion. Il sera épaulé et parrainé par son professeur qui l'initie et lui enseigne les bases de la musique. A l'âge de onze ans, son père lui offre un violon et l'intègre à la grande école de musique arabo-andalouse de cheikh Sekkal. Cette formation lui permettra d'étudier le chant, la poésie, le luth, le saxophone et les percussions. Grâce à elle il deviendra également un violoniste d'exception qui fera rapidement ses preuves dans le monde des grands. Il sera à la tête de l'orchestre Renaissance ainsi que de celui de son école. Fethi tente de s'imposer en Algérie mais, après la période de l'indépendance, il sera victime d'une longue traversée du désert. Il quitte l'Algérie pour la France en 1980 où il commence une nouvelle vie avec la compagnie Garagouz et Jérôme Savary pour lequel il compose la musique de Tartarin de Tarascon. Fethi Tabet a du mal à se retrouver dans ce bouillon d'activités, c'est là qu'il forme son ensemble sous le slogan «musiques sans frontières» en 1990. Avec une pêche d'enfer et un son décapant, l'ensemble sillonne le monde, délivrant derrière lui des messages de fraternité et de tolérance. Multicolore et multi-sonore, l'ensemble reflète parfaitement le parcours de son leader. Il propose au monde entier de la musique andalouse servie sur fond de percussions et de chœurs. Il n'hésitera pas non plus à mêler sa musique à des musiques traditionnelles puisées lors de ses multiples périples dans le monde. Ce soir, il dévoilera son album Médité qu'il qualifie de «rencontre de l'Afrique». Sorti en 2005, cet album est présenté comme l'une des plus belles vitrines musicales du continent. W. S.