Pour inaugurer son programme «Carte blanche pour les théâtres régionaux», le Théâtre national algérien a opté pour le tout nouveau Théâtre régional de Mascara (TRM) qui semble entamer son parcours avec une énergie prometteuse. En effet, c'est avec six productions que ce théâtre ouvert depuis six mois seulement tente d'imposer sa signature dans le monde du 4ème art. «Le Théâtre régional de Mascara a été ouvert depuis six mois et cela avec cinq autres théâtres régionaux. Il s'agit d'un théâtre municipal qui a été récupéré. Nous accordons une grande importance à la production théâtrale, la formation des artistes et la distribution», nous déclare le directeur de l'établissement, Rachid Djrourou, que nous avons contacté par téléphone. S'agissant du programme de cette Semaine du théâtre de Mascara à Alger, le TRM a prévu de donner Moussafer Ellil (le voyageur de la nuit). La pièce mise en scène par Frimehdi Mohamed est produite par l'association Echourouk li e'thakafa. Cette pièce a remporté le prix de la meilleure mise en scène durant le Festival de théâtre de Jordanie en 2006. «C'est une pièce intéressante que nous avons décidé de ressusciter», dira M. Djrourou. Figure aussi au programme la pièce Lalla mise en scène par Khaled Belhadj d'après une adaptation libre par Bouziane Ben Achour d'un texte de John Jinni. L'occasion sera également propice pour rendre hommage à l'un des plus grands dramaturges algériens, le défunt Ould Abderrahmane Kaki et cela à travers la pièce Errahil mise en scène par Belalem Ahmed d'après le texte Ellil de Kaki. Le public est également convié à découvrir la pièce Doriane Djerai de Houssem Kendil mise en scène par Frimehdi Mohamed. Le Théâtre de Mascara a aussi prévu de donner aux enfants leur part dans cette «Carte blanche». Au programme enfants, il y aura Mimi ou Kiki oua d'oumia el khachabia de Laichouch Noura. La touche humoristique dans cette semaine sera avec le duo Bekhta et El Houari qui présenteront vendredi prochain une série de sketchs dont «hia oua hia». Au-delà des productions théâtrales, le directeur du Théâtre régional de Mascara a tenu à préciser qu'il envisage d'encourager et de perpétuer le 4ème art dans la région de Mascara et cela en organisant des stages de formation artistique. «Dès le mois de mars prochain, nous allons lancer des stages de formation dans les métiers du théâtre, de la scénographie à la mise en scène, en passant par la sonorisation, l'éclairage et l'actorat. D'autres formations auront lieu en septembre et octobre prochain», affirmera-t-il. A propos de perspectives, il avouera être plutôt optimiste en ce qui concerne la distribution des productions de son théâtre. «L'Algérie possède assez de salles pour nous permettre de diffuser le théâtre un peu partout dans le pays», dira-t-il. Cette naissance d'un nouveau théâtre, et sous de bons auspices, est une bonne nouvelle pour la culture en général et le 4ème en particulier. On ne peut que s'en féliciter et applaudir l'initiative. Mais -il y a toujours un mais pour nous rappeler à la réalité- il faut se garder de considérer la naissance d'un théâtre ou de toute autre structure ou établissement culturels comme une fin en soi. Il s'agira de travailler à leur pérennité pour ne pas en faire des mort-nés. Il faudra pousser la réflexion sur le véritable sort de ces nouveaux arrivés dont la survie et l'activité exigent des moyens qui ne sont pas toujours disponibles. Certes, inaugurer des établissements, c'est nécessaire, mais pas suffisant, loin s'en faut. Car il faut leur garantir les moyens qui leur permettent d'exploiter leurs potentialités de manière optimale, de produire, de distribuer et de diffuser leurs produits, et cela travers une ligne de conduite professionnelle entre pourvoyeurs de fonds, privés ou publics, et acteurs sur le terrain. Autrement, les nouvelles structures iront grossir les rangs des anciennes pour former cette cohorte de structures et d'institutions culturelles qu'on maintient sous perfusion pour alimenter une culture institutionnelle et conjoncturelle. W. S.