Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'application, début 2008, du décret n°07-140 du 19 mai 2007 qui visait à rapprocher les patients des établissements de santé de proximité à travers le renouvellement de la carte sanitaire n'a pas jusque-là donné les résultats attendus ou promis dans la wilaya de Tizi Ouzou où les malades souffrent toujours, ainsi que, d'ailleurs, les praticiens eux-mêmes, personnels médical et paramédical, des lacunes et du manque de moyens matériels et de ressources humaines dans ces établissements publics de santé de proximité (EPSP) et les établissements publics hospitaliers (EPH). Ainsi, l'objectif du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière de rapprocher ces structures de prévention et de soins de base et d'hospitalisation de la population dans les régions de l'intérieur et du sud du pays avec comme argument une autonomie dans la gestion et une budgétisation directe semble trouver ses limites lorsqu'il a été confronté à la dure réalité du terrain, en Kabylie notamment. A ce sujet, une vingtaine de salles de soins sur les 268 que compte la wilaya de Tizi Ouzou (chiffres officiels de 2008, ndlr) ont été fermées pour «divers motifs» ces derniers mois, selon la Direction de la santé, de la population et de la réforme hospitalière (DSPRH) de Tizi Ouzou. Même si les conditions sécuritaires précaires et le nouveau phénomène social de squat des constructions publiques sont la raison principale de ces fermetures successives de salles de soins, les responsables du secteur avaient relevé dans le même contexte l'insignifiance des effectifs médicaux, la raréfaction des dotations matérielles et la vétusté de ces structures anciennes qui pourraient, envisage la même direction, être rouvertes «avec le concours des collectivités locales», les APC et les daïras. Ainsi, la plupart des EPSP de la wilaya de Tizi Ouzou n'offrent pas aux malades ce dont ils ont besoin le plus souvent et les nombreux cas d'urgence, qui relèvent pourtant de leur niveau de soins, sont orientés vers le seul CHU que compte Tizi Ouzou. Un hôpital qui ne supporte plus les charges que lui font subir justement en partie ces EPSP. Constat général à ce niveau : absence de consultations spécialisées (ORL, pédiatrie, chirurgie, cardiologie), de médecins de garde, d'urgentistes, de gynécologues, de soins dentaires, de radiologie, de médicaments de base, seringues, pansements… A cela s'ajoute le manque d'ambulances, et parfois même d'eau courante qui aggravent davantage la situation sanitaire de la population des localités déshéritées de la région de Kabylie. «Il y a plusieurs unités de soins dans notre commune mais elles arrivent rarement à assurer le renouvellement des pansements, la vaccination ou d'autres soins généraux», affirme un habitant d'un village au sud de Tizi Ouzou. Sans oublier de souligner que des dizaines de localités et de villages de la wilaya de Tizi Ouzou ne sont pas dotés de polyclinique ou de salles de soins. Une couverture médicale inexistante qui ne rassure pas du tout les habitants, confrontés au retour des maladies dangereuses d'un autre âge. De leur côté, pour y remédier, les autorités parlent d'une opération de «mise à niveau et de réhabilitation des structures sanitaires et des EPSP». Il s'agit essentiellement de les doter d'un minimum de moyens matériels comme les fauteuils dentaires et l'imagerie. La DSPRH a, dans ce cadre, annoncé l'ouverture de polycliniques dans les localités dépourvues de structures de santé. Un nouvel hôpital est prévu dans la wilaya de Tizi Ouzou. En attendant, quand pourra-t-on se soigner au moins passablement à Tizi Ouzou ?