De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les malades souffrent et se plaignent des prestations fournies dans le secteur public et même dans le privé ; les praticiens, généralistes et spécialistes, et le corps paramédical sont insatisfaits de leur situation socioprofessionnelle et en colère contre les pouvoirs publics pour le «peu d'égards sinon le mépris» affiché à leurs revendications. La santé a beaucoup de chemin à faire à Tizi Ouzou avant de prétendre atteindre le seuil minimum quant aux services dus aux malades, de surcroît dans une région sous-développée au plan économique et qui connaît ces dernières années une prépondérance de maladies graves comme en témoigne l'affluence au service d'oncologie. Les moyens de base, entre ressources humaines, infrastructures et matériels, existant dans les établissements publics de santé de proximité (EPSP) et les établissements publics hospitaliers (EPH) ne répondent pas aux attentes des patients, de plus en plus nombreux à solliciter le secteur public pour des raisons notamment d'accès aux soins, et des soignants qui n'en peuvent plus à force d'attendre éternellement une amélioration de leur situation et des textes de loi qui refléteraient le respect que doit inspirer cette frange incontournable de la société. «Ce n'est pas parce que le secteur de la santé et à travers lui notre situation va bien qu'on est en grève depuis des semaines ; pour tout résumer, rien ne va réellement bien», répète un syndicaliste bientôt en retraite d'un EPH de la wilaya de Tizi Ouzou. La mise en pratique en janvier 2008 du décret n°07-140 du 19 mai 2007, dont l'essence, selon ses concepteurs, était de «rapprocher» les malades des zones plus ou moins déshéritées des établissements de santé de proximité, une autonomie dans la gestion de ces établissements et une budgétisation séparée, est au stade des premiers «résultats». Le renouvellement de la carte sanitaire ainsi entamé a été réalisé dans l'objectif de réduire les «discriminations» dans la qualité des soins proposés dans plusieurs parties du pays. Cependant, jusqu'à présent, les satisfactions sont maigres et les manques ou les retards dans la concrétisation de cet objectif sont énormes, selon les praticiens qui le montrent d'ailleurs à travers leurs multiples mouvements de débrayage et de contestation. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière devrait dans ce cas «évaluer, revoir ou changer des points de cette nouvelle politique sanitaire», selon des médecins. Cela dit, dans un récent décompte de la direction concernée, la DSPRH, plusieurs salles de soins (la wilaya de Tizi Ouzou dispose de 268) ont été fermées pour «divers motifs» Le terrorisme persistant malgré une importante présence des services de sécurité et le «phénomène» de squat des structures de santé publique sont cités en avant des contraintes de fermeture. Mais c'est surtout le manque de personnel médical et paramédical, le non-renouvellement du matériel médical et le vieillissement du bâti des structures qu'il faudra mettre en cause, selon des représentants du secteur à Tizi Ouzou. Au niveau des EPSP, le constat n'est pas reluisant notamment en matière de consultations spécialisées telles que l'ORL, la pédiatrie, la chirurgie, la cardiologie, etc. Pis, dans des salles de soins, même le renouvellement des pansements ou la vaccination par exemple n'y sont pas assurés sans compter les zones qui ne disposent même pas de polyclinique ou de centre de soins. A quand les résultats de la réforme de la santé ?