Certains commentaires d'agences de presse présentent le rôle de l'Algérie dans la crise sécuritaire dans le nord du Mali comme une affaire de bons offices ou comme une affaire de prestige pour la diplomatie algérienne. La question est plus grave que ne semblent le percevoir certains. Il s'agit en fait de la sécurité de toute une zone tampon entre l'Algérie et toute la région sahélo-saharienne. Cette instabilité chronique depuis la fin des années quatre-vingt a favorisé le développement d'une zone de non-droit devenue une base arrière à tous les trafiquants et un conglomérat d'intérêts divers allant du narcotrafic au trafic d'armes et au terrorisme. Au-delà des revendications politiques et économiques des populations du nord du Mali et qui concernent en premier lieu l'Etat malien, la crise qui s'est ensuivie préoccupe l'Algérie à plus d'un titre dans la mesure où le GSPC et autres groupes terroristes trouvent refuge dans les localités du nord du Mali qu'ils utilisent comme point de départ pour frapper les intérêts de l'Algérie avant de s'y replier pour s'organiser et s'armer. Par respect de la souveraineté du mali, l'Algérie ne peut poursuivre ces criminels au-delà des frontières. Cependant, Elle est consciente des difficultés du gouvernement malien à mettre un terme aux agissements de ces groupes qui ont profité de la fragilité des populations du Nord et des besoins des groupes armés touareg maliens pour s'y installer impunément. En demandant à l'Algérie de reprendre sa médiation, le Mali veut assumer toute sa responsabilité face à une situation tendue sur son sol et qui menace la sécurité de toute une région. Le Mali est aussi conscient que l'Algérie que la situation de crise dans le nord de ses territoires est devenue un alibi pour l'ingérence de puissances étrangères qui évoquent, sous prétexte de sécurité régionale, l'implantation de bases militaires dans le Grand Sahara. Le Mail sait aussi que l'instabilité chronique dans la région de l'Azawed nourrit les convoitises de certains pays dans la région et en Europe, qui rêvent de zones d'influence ou d'empire regroupant tout le Grand Sahara. Pourtant, Tombouctou, qui fut jadis capitale du plus grand empire d'Afrique subsaharienne, est au cœur du Mali. A ce titre, aider le Mali à recouvrer sa souveraineté sur tous ses territoires, c'est s'aider soi-même à se prémunir contre les menaces d'instabilité et d'insécurité. Défendre l'intégrité du Mali, c'est défendre sa propre intégrité et garantir la paix nécessaire au développement de la région frontalière allant de la Mauritanie au Niger. Servir de médiateur entre les Maliens est loin d'être pour le prestige. La diplomatie est un art au service de la paix, de la sécurité et de la coopération au profit de tous. A. G.