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Une question stratégique
Publié dans L'Expression le 13 - 07 - 2004

La solution politique préconisée par l'Espagne et la France cache mal les desseins d'un lobbying dont le Maroc est l'instigateur.
Jamais la question du Sahara occidental n'a suscité autant d'intérêt comme c'est le cas actuellement avec le «chassé-croisé» diplomatique que mènent dans la région, «conjointement» mais chacun à sa façon, les Etats-Unis, la France et l'Espagne. Les Français, «partie prenante» dans le conflit, qui continue, à ce jour, d'opposer la Rasd au royaume chérifien, semblent vouloir accélérer la cadence dans le but de trouver une issue qui mettra fin, une fois pour toutes, à cette crise qui dure depuis 30 années. Sauf que les bons offices français, s'ils portent une volonté de régler la crise au profit des parties en conflit, cachent mal cependant, une duplicité «flagrante» dans leur politique vis-à-vis de l'Algérie. Car au moment où le partenaire «exceptionnel» qu'est la France, dit appuyer le gouvernement algérien dans ses réformes politiques et économiques, l'appui dont a besoin notre pays dans la crise du Sahara occidental n'a pas eu, semble-t-il, le même droit de cité. Bien au contraire.
Alger qui tient, en permanence, à la légalité internationale, sous la bannière de l'ONU, n'en est pas moins soumise à des pressions qui se font, soudainement, de plus en plus insistantes de la part de l'axe Paris-Madrid. Ces deux pays s'évertuent à pousser les autorités algériennes à lâcher du lest et à donner le feu vert, sous une forme ou une autre, pour l'autonomie du Sahara occidental sous la tutelle, bien sûr, du Maroc. Les desseins franco-espagnols traduisent, à cet effet, la similarité «frappante» qui caractérise leurs positions officielles : à savoir l'appel à un dialogue direct entre Alger et Rabat, pour trouver une issue politique à ce problème. Le nouveau chef du gouvernement, José Luis Zapatero, nouvellement élu, sera demain, en visite officielle à Alger, pour, entre autres, préconiser aux autorités algériennes la «recette» ibérique : appeler les parties concernées pour trouver une solution politique qui garantisse leurs droits respectifs dans le cadre de l'ONU. Son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, dans un entretien paru dimanche dans le quotidien espagnol El Mundo, qui avait jeté un pavé dans la mare en qualifiant la politique engagée par les précédents gouvernements de son pays, allusion faite à José Maria Aznar, de «neutralité hypocrite», avait mis l'accent sur l'urgence d'arriver à un accord politique. Cela dit, M.Moratinos a mis en garde en ces termes : «L'organisation, en ce moment, d'un référendum au Sahara sans solution politique, entraînerait, ni plus ni moins, une crise généralisée en Afrique du Nord.» L'Espagne, à en croire les déclarations de M.Moratinos, a décidé de prendre le taureau par les cornes, en faisant montre d'un «engagement actif» dans la région. Restent les Américains qui, eux non plus, ne veulent pas jouer les seconds rôles dans une question aux contours politico-économiques, voire stratégiques extrêmement importants. Le département d'Etat n'a cessé, tout au long de ces dernières années, d'appeler au règlement de la crise dans le cadre de la légalité internationale en dépêchant ses représentants, et non des moindres à l'image de William Burns, sous-secrétaire d'Etat aux affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
La politique américaine relative à la crise «insoluble?» du Sahara occidental, consiste notamment à aider l'ONU à travers, la Minurso, sa mission au Sahara occidental, pour faire pression sur les parties concernées, Alger et Rabat de façon plus particulière. En tout cas, dialogue ou pas, le gouvernement algérien est plus que jamais, soumis à des pressions accrues qu'exercent intensément les Français et les Espagnols dont, l'«entente» est manifestement dévoilée. Les Américains, soucieux de ne pas laisser la région leur filer entre les doigts, tentent, eux aussi, d'imposer leur point de vue et garantir par là même leurs intérêts régionaux.


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