Le diagnostic de la situation du milieu rural peut être établi, selon des spécialistes enquêteurs, à partir de quatre grands constats à savoir la proportion de la population rurale, l'indice de développement rural durable, l'emploi, et les déséquilibres dans le développement global entre la dimension économique et la dimension sociale. La population rurale reste relativement importante avec 13,8 millions d'âmes à fin 2006, contre 12,1 millions en 1998, sur 34 millions d'Algériens (soit 40,5% de la population totale), selon la Commission nationale de développement rural (CNDR), relevant du ministère délégué chargé du Développement rural, qui suit la politique de Renouveau rural en cours. Cette augmentation de la population des campagnes s'explique par "l'amélioration des conditions sécuritaires et de vie en milieu rural", la mise en oeuvre des programmes destinés au retour des populations et, plus simplement, par l'accroissement naturel de la population rurale résidente. Les données statistiques sur l'évolution de la population par région, montrent que la population rurale a crû de manière significative dans la région Nord Centre, et d'une ampleur moindre dans les autres régions du Nord et aussi dans celles des Hauts-Plateaux de l'Ouest et du Sud. La population rurale, dont 70% des habitants ont moins de 30 ans, est répartie équitablement entre hommes et femmes à 50-50%. Par ailleurs, l'évolution des populations rurales et urbaines par région montre que la concentration et l'urbanisation s'effectuent à un rythme accéléré. Cette urbanisation ne se fait pas systématiquement au niveau des grands centres urbains. Pour une bonne partie, elle a lieu au niveau des communes et agglomérations rurales. Sur 4.055 agglomérations au niveau national, 3.476 sont classées comme rurales par l'Office national des statistiques (ONS) dont 2.871 agglomérations (villages) ont une population de 1.000 à 5.000 habitants. Est considérée commune rurale, toute commune dont le taux d'urbanisation est inférieur à 50% et sa densité humaine inférieure à la moyenne de la densité de la région où elle se trouve (Nord, Hauts-Plateaux, Sud). S'agissant de l'indice de développement rural durable (IDRD), il a progressé de 19% en passant de 0,3 en 1998 à 0,5 en 2005 pour toutes les grandes régions. L'IDRD et ses indices composites (indice de développement humain et social -IDHS-" et "l'indice de développement de l'économie rurale -IDER-)" confirment les efforts en matière d'investissement visant l'amélioration des conditions de vie des populations (éducation, santé, logement, électrification, raccordement à l'eau potable et au réseau d'assainissement). Par contre, le manque de corrélation entre les dimensions économique et sociale en matière de développement rural est une réalité, selon la Commission nationale de développement rural. A cet effet, la CNDR relève, qu'au niveau des régions de programmation, l'indice de développement économique rural est de loin inférieur à l'indice de développement humain et social, ce qui explique "les difficultés rencontrées par les communes rurales, dont l'IDRD est faible, à stabiliser leur population". Pour ce qui est de l'emploi en milieu rural, malgré les progrès constatés ces dernières années, le structure "reste faible". La structure de l'emploi ne doit pas occulter la fragilité de la situation et la difficulté à réunir les conditions pour assurer une stabilité indispensable face aux différents aléas et facteurs exogènes tels que la sécheresse, calamités, réduction des emplois administratifs etc. Le sous-emploi au niveau des régions rurales est une donnée réelle bien que difficilement quantifiable. son intensité varie d'une wilaya à une autre et dépend des opportunités offertes par l'économie locale et la situation géographique de la zone considérée. Les zones frontalières ont développé une économie d'échanges transfrontaliers qui atténue la fragilité de la situation de l'emploi dans ces zones. La structure de l'emploi au niveau des communes montre que le taux d'occupation des actifs est de 11% pour les services, 14% pour le BTP et l'industrie, 21% pour l"administration, 16 % pour les autres secteurs et 38 % pour l'agriculture. Les régions Nord Centre et des Hauts-Plateaux de l'Est sont celles où l'indice de l'emploi est inférieur à la moyenne sinon juste au-dessus. Il s'agit des régions connues pour les handicaps naturels qu'elles subissent, notamment agricoles. Au sujet des déséquilibres dans le développement global entre la dimension économique et sociale, l'analyse de l'IDRD a révélé des "distorsions importantes" au niveau des wilayas où elles ont généré des écarts de développement préjudiciables à l'équilibre du territoire de la wilaya. A titre d'exemple, la situation de la wilaya de Béjaïa illustre parfaitement un développement rural "déséquilibré", estime-t-on. Ce constat "confirme la nécessité d'améliorer la gouvernance locale des territoires ruraux et renseigne sur la pertinence de la politique de renouveau rural et de la stratégie adoptée pour sa mise en oeuvre", explique-t-on Selon la commission, le mode de conduite du développement compatible avec les exigences et contraintes du contexte prévalant au cours des différents phases de développement qu'a connues le pays, a, certes, globalement amélioré les conditions de vie des populations, mais il n'a pas produit les conditions d'un développement rural durable. C'est pourquoi, "l'accent est mis sur la nécessité de renforcer des capacités d'intégration intersectorielle au niveau territorial comme moyen d'améliorer l'efficacité des interventions en milieu rural, sur un nouveau mode de programmation de ces dernières et sur la promotion d'un mode de financement adapté et compatible avec les objectifs de développement rural intégré et durable des territoires".