Photo : S. Zoheïr Par Faouzia Ababsa En plus du 1,4 million de tonnes de ciment déjà importé pour faire face à la pénurie de ce matériau, désormais précieux, un appel d'offres vient d'être lancé par le Groupe GICA pour acquérir 3 millions de tonnes supplémentaires pour mettre fin au manque criant de ce produit qui fait également l'objet d'une très large spéculation. A telle enseigne que le sac est cédé aujourd'hui à 700 DA. A ce propos? justement, le ministre du Commerce s'est voulu en même temps rassurant et inquiet. Rassurant parce qu'il estime que les chantiers lancés ne souffrent d'aucun manque de ciment. «70% de la quantité de ciment est livrée [en priorité] directement aux opérateurs, tandis que les 30% restants sont cédés aux auto-constructeurs. Et c'est là que réside la spéculation puisque le sac est revendu en deuxième et troisième mains. Ce qui justifie donc la hausse du prix», a notamment affirmé El Hachemi Djaaboub sur les ondes de la radio nationale. Invité de l'émission «L'invité de la rédaction» de la Chaîne III, le ministre du Commerce a expliqué son inquiétude quant à la forte demande de ce produit à un moment où il est censé connaître moins de pression. Dès lors, les prochains mois seront particulièrement éprouvants pour les opérateurs, d'autant plus que notre pays ne dispose pas d'assez de cimenteries pour faire face à la demande. M. Djaaboub n'a pas caché son souhait de voir s'ériger d'autres cimenteries construites par des opérateurs privés. Sur un autre registre, le ministre est longuement revenu sur les deux avant-projets de texte qui amenderont la loi relative à la concurrence et aux pratiques commerciales. Des textes qui se complètent, selon l'hôte de la radio. Le premier permettra au gouvernement, sans remettre en cause le principe de la liberté des prix, d'«intervenir dans le cas d'abus de la part du producteur, du mandataire, du grossiste ou encore du détaillant». Il s'agira donc soit d'homologuer, de plafonner ou de fixer des marges bénéficiaires pour les produits de large consommation. En revanche, lorsque l'augmentation des prix est justifiée par le fait qu'ils soient boursiers, le gouvernement, a encore affirmé le ministre du Commerce, interviendra «pour infléchir les prix à travers soit l'exonération des droits de douane, soit la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 17 à 7%». L'intervention du gouvernement ne sera pas arbitraire. Tout sera décidé en concertation avec les les producteurs en se basant sur le coût réel du produit local ou importé. Quant à savoir comment compte s'y prendre l'Exécutif pour faire appliquer les nouveaux textes, M. Djaaboub dira que c'est la substance de l'avant-projet de texte amendant la loi sur les pratiques commerciales. Les récalcitrants se verront infliger des amendes ou des retraits temporaires et/ou définitifs du registre du commerce. La troisième solution pour les récidivistes sera les poursuites judiciaires avec demande de radiation du secteur. Toutefois, devant la difficulté à contrôler tout le monde, le ministre du Commerce a reconnu que les deux textes étaient loin de tout régler, mais restent néanmoins nécessaires «pour moraliser la pratique commerciale, garantir le libre jeu de la concurrence, combattre les positions dominantes et monopolistiques». L'invité de la rédaction de la Chaîne III a affirmé qu'il aimerait dresser une liste de produits à subventionner, à l'instar de la poudre de lait et de la farine. Il s'agit des légumes secs (l'Algérie en importe annuellement 600 000 tonnes), du sucre (dont le prix a atteint 100 DA le kg en raison de l'augmentation sur le marché international), du thé, du café et de la tomate.