Dans le cadre des journées dédiées au regretté dramaturge Ould Abderrahmane Kaki organisées actuellement au Théâtre national algérien Mehieddine Bechtarzi, la coopérative Ould Abderrahmane Kaki de Mostaganem a présenté, dimanche dernier, la pièce Hit er'emel (le mur de sable) d'après l'œuvre de Kaki. Mise en scène par le jeune Takiret Mohamed, la pièce relate la triste destinée de deux prisonniers, Slimane et El kadi. Le lever du rideau est accompagnée par des notes musicales qui imprègnent la salle d'angoisse. Sur scène, un gardien de prison, imposant et sévère dans son uniforme vert. Face à lui, les prisonniers se tiennent debout. Un par un, ils se servent dans la cantine. L'un d'eux est pris d'un malaise. Il tombe et se roule par terre de douleur. La scène ne tardera pas à déclencher une bagarre générale. En fait, le malaise est feint. C'était un stratagème élaboré par les prisonniers pour détourner l'attention du gardien et tromper sa vigilance afin de s'évader. Slimane et El Kadi parviennent à leur fin. Mais une fois dehors, ils se retrouvent perdus au milieu de nulle part n'ayant pour seul repère qu'une fontaine. Les deux évadés tentent de se trouver un abri. El Kadi, de nature calme et posée, peine à calmer les ardeurs de Slimane, un homme très curieux et qui ne croit en rien. Il lui reproche son comportement qu'il qualifie de «gamin». Libres peut-être, mais faudra-t-il encore le rester. Les deux hommes redoutent les autorités qui sont sûrement à leurs trousses. Un troisième personnage les rejoint. Désinvolte et taquin, il leur annonce qu'il est aussi un fugitif. Face aux questions incessantes de Slimane, ce dernier lui raconte son histoire, celle d'un gentil garçon poussé en prison à cause de circonstances familiales plus au moins difficiles. Orphelin, ce jeune homme a été victime de la trahison de son frère, un homme sans scrupules et malhonnête qui l'a dépouillé de son héritage… La narration de la triste histoire est interrompue par l'arrivée de trois autres évadés qui viennent rejoindre les trois premiers. Mais deux gardiens de prison finissent par découvrir la cachette des fugitifs. L'un d'eux tire. La balle atteint Slimane. Le gardien exulte. Il danse. La mort de l'homme -fût-il prisonnier- le réjouit. Conscient de la gravité de ce qui vient de se produire et réprouvant le geste de son collègue, le deuxième gardien reste sans voix. Il décide alors de libérer les prisonniers et improvise un enterrement digne pour le défunt. Des fleurs pleuvent sur la scène, signe d'humanisme. Le mur de sable oppose la solidité et la fermeté (le mur) à la fragilité (le sable) pour dire la versatilité de certaines vérités et réalités. Ce qu'on voit, ce qu'on croit, n'est pas toujours ce qui est. La prison et la liberté ne sont pas toujours là où on croit qu'elles sont. W. S.