Photo : Sahel Par Youcef Salami Le non Maghreb coûte plus cher que le Maghreb. C'est ce qu'a déclaré un cadre du ministère des Affaires étrangères au cours des débats sur la situation des banques et des économies magrébines face à la crise financière mondiale actuelle, un des thèmes au programme de la 5ème édition du Forum international de la finance dont les travaux ont commencé hier à l'hôtel El Aurassi. La remarque est fondée. Elle a du sens. Qu'on en juge : pour l'instant, les banques maghrébines se sentent à l'abri de la crise d'aujourd'hui, étant éconnectées de l'économie mondiale. Mais si, demain, les effets de cette perturbation de la sphère financière à l'échelle internationale se faisaient sentir, le choc serait douloureux. Il le serait moins, en revanche, si l'intégration économique maghrébine avait été réalisée. La raison est en simple du point de vue économique : si la crise s'invitait dans les économies de la sous-région, ces dernières pourraient l'atténuer en mutualisant le coût qui en découlerait. Dans un exposé brillamment présenté, intitulé «où va l'industrie bancaire face à la crise actuelle ? : la situation des banques maghrébines», le Dr Dhafer Saïdane, professeur à l'université Charles-de-Gaulle– Lille 3, France, explique que les banques africaines et maghrébines en particulier semblent protégées des placements «toxiques», allusion aux produits bancaires mis sur les marchés internationaux par des institutions financières américaines, et qui sont, en fait, à l'origine de la crise mondiale dont il est question. Dhafer Saïdane estime qu'avec une faible bancarisation, en moyenne entre 6% et 20% selon les pays, le marché bancaire africain reste tout de même prometteur. Mais dans le contexte économique d'aujourd'hui, comment les grandes banques africaines pourront-elles déployer une stratégie d'expansion efficace dans les turbulences de la mondialisation ? s'interroge-t-il. Cette question est aujourd'hui au centre des préoccupations des patrons de banques africaines. Indépendamment de cette crise, des banques sont connues et reconnues dans le continent. Elles ont relevé des défis. Les performances des institutions financières africaines et maghrébines, l'intervenant les résume en ces termes : les banques d'Afrique du Sud sont considérées comme des leaders ; celles du Nigeria se caractérisent par un dynamisme et une progression remarquable ; celles du Maghreb ont connu une modernisation exceptionnelle avec des banques marocaines de plus en plus agressives hors de leur territoire national ; certaines banques africaines sont déjà dans la stratégie de consolidation par le marché et suivent la logique «prédateur-proie». Une telle logique trop agressive peut néanmoins présenter des risques, résume-t-il. Seulement, ces bons résultats demeurent circonscrits dans des pays connus pour leur dynamisme économique. Le système financier à l'échelle de l'Afrique reste globalement en deçà de ce qu'il devrait être. En dehors du secteur bancaire, certains pays du Maghreb commencent à subir les effets de la crise. Les Ide ont sensiblement baissé au Maroc. Les recettes en devises tirées du secteur du tourisme aussi. Même situation ou presque en Tunisie. L'Algérie a vu ses revenus pétroliers diminuer de plus de 50% sur les quatre premiers mois de l'année en cours.