De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Pôle industriel, touristique et commercial important, Annaba est devenue ces dernières années l'une des destinations les plus prisées des habitants de l'Est algérien. Chaque jour, des milliers de véhicules empruntent ses routes et ses voies urbaines qui, il faut le signaler, ne sont pas toujours en bon état. Crevasses, cratères, nids-de-poule et autres affaissements parsèment les chaussées. Ce qui est à l'origine d'encombrements, de bouchons et même de graves accidents de la circulation, parfois mortels. La vitesse, le non-respect de la signalisation routière et les mauvaises conditions atmosphériques multiplient ces accidents qui, chaque année, fauchent des centaines de vies dans cette wilaya, s'ajoutant à l'hécatombe nationale avec des chiffres effrayants. Le nouveau code de la route, complété et modifié, entré en vigueur en février, est venu répondre à cette situation catastrophique. Basée sur le tout répressif pour dissuader les conducteurs de commettre des infractions, cette loi est diversement appréciée et chacun y va de son commentaire. «Pour une simple ampoule grillée, on me colle une contravention de 2 000 DA, ce qui n'est pas normal ; c'est trop, encore faut-il trouver cet accessoire sur le marché parce qu'il est souvent indisponible et on doit se débrouiller en allant en acheter à la ‘‘casse''. Et puis, il faut revoir le plan de circulation de la ville, complètement dépassé et obsolète.» En effet, sur le terrain, nous avons constaté des anomalies qui prêtent à confusion et qui peuvent être à l'origine d'accidents ; le cas de les signalisations à l'entrée Est de Annaba en est flagrant. Au niveau de l'ancienne gare d'Hippone, les signalisations horizontale et verticale ne concordent pas, l'une interdit le dépassement et l'autre l'autorise. Les automobilistes ne savent plus quelle indication suivre et se débrouillent selon la situation. Un autre cas, à l'origine de plusieurs retraits de permis de conduire est celui des feux de signalisation du boulevard du 1er Novembre, à hauteur de la cité Menadia. Ces feux mal situés sont cachés par des branches d'arbre et donc non visibles pour le conducteur qui doit se fier au flux des voitures venant à sa droite pour pouvoir passer. Les cas de mauvaise signalisation sont légion, des panneaux cachés, non conformes et parfois non réglementaires, accrochés n'importe où, en retrait de deux mètres et plus par rapport à la route, des camions et des bus en stationnement qui les masquent et bien d'autres cas qu'il serait trop long d'énumérer. «On installe des panneaux de sens interdit n'importe comment, nous dit un automobiliste, et c'est aussi valable pour les stationnements alors qu'il n'y a presque pas de parkings en ville ; si cela continue on devrait ne plus sortir sa voiture du garage et prendre le bus avec tous les aléas que cela suppose.» Il faut dire que dans ces propos il y a du vrai puisque le parc automobile circulant à Annaba s'est multiplié ces dernières années avec les facilités accordées pour l'acquisition d'un véhicule. Il y a environ 60 à 80 000 véhicules sur les routes et les voies urbaines de la ville, sans compter ceux en transit ou venant des localités et wilayas voisines. Cependant, le nombre de parkings est resté le même et ne répond plus à une demande qui a décuplé. Alors on stationne comme on peut au risque de voir son véhicule immobilisé par un sabot et de payer en plus une contravention. Pour ce qui est des piétons, c'est tout autre chose, la plupart ne sont pas au courant des nouvelles dispositions prévues par la réglementation et qui sanctionnent toute «incursion sur la chaussée ou une traversée en dehors des passages protégés». «Il y a une loi pour ça maintenant, nous dit un jeune homme rencontré dans la rue. Je ne sais pas, mais moi je n'ai que mes deux pieds et j'essaye toujours d'emprunter le trottoir si je peux.» Un autre, mieux informé, nous dira que c'est aberrant puisque, avant de verbaliser et de sanctionner le piéton, il faudra que les pouvoirs publics «libèrent» l'espace réservé aux piétons. «S'ils veulent appliquer cette loi, qu'ils nous rendent nos trottoirs et là si on prend quelqu'un en faute, il mérite d'être sanctionné.» Effectivement, à Annaba les trottoirs appartiennent à tous sauf aux piétons. Il faut le voir pour le croire. Au niveau de la rue Ibn Khaldoun (ex-Gambetta) à El Hattab, aux alentours du théâtre, près du CEM Max Marchand, à la placette Champ de Mars mais aussi en d'autres lieux, tous les espaces piétonniers sont occupés. Vendeurs à la sauvette, marchandises de toutes sortes étalées à même les trottoirs, commerces établis qui débordent sur cet espace censé revenir aux passants, sans compter les charrettes à bras pleines à craquer de fruits et légumes qui occupent une partie de la chaussée, mais qui squattent en même temps une partie du trottoir réservée à l'emballage et à la vente. Jusqu'à hier la situation n'aivait pas changé et les revendeurs continuent d'occuper «leurs» espaces. Et même plus, ils débordent sur la chaussée et sont apparemment prêts à en découdre avec quiconque viendrait le leur contester. Contacté au sujet de toutes ces attitudes peu amènes, M. Soulami Mohamed, directeur des transports de la wilaya, nous déclare que, s'agissant de la signalisation routière, celle-ci, relève de l'APC en intra-muros et de la Direction des travaux publics en extra-muros. «Ce sont ces deux institutions qui sont chargées d'établir les plans de circulation. Quant au squat des trottoirs, il est du ressort des officiers affectés à la voie publique. Le rôle de la direction des transports est de sensibiliser les usagers quant au respect du code de la route.» Ce qui se fait chaque mercredi dans les studios de la radio locale en présence de représentants de cette direction, de la Sûreté nationale, de la gendarmerie, de la santé, des associations et des auto-écoles. «Il s'agit pour nous, poursuit-il, de focaliser sur les nouvelles dispositions du code de la route, les infractions et les sanctions prévues de façon à diffuser le maximum d'informations pour que tous les usagers soient au courant.» Concernant les auto-écoles, au nombre de 130, dont 80% sont concentrés au chef-lieu de wilaya, le directeur nous dira que celles-ci ont été destinataires d'une note dans laquelle il leur est fait obligation d'enseigner aux candidats au permis de conduire ces nouvelles dispositions. S'agissant du permis à points, dont tout le monde parle, cette disposition n'est pas encore mise en œuvre, tout simplement parce qu'aujourd'hui, il n'y a pas à vrai dire de fichier national du permis de conduire, on en est encore au stade de la réflexion qui aboutira peut-être à la conception d'un nouveau document qui sera doté d'une puce électronique concentrant toutes les informations. Pour les établissements d'enseignement de conduite automobile, à ce jour il n'y a pas encore de cahier des charges et ils sont toujours régies par un arrêté datant de 1979 et qui n'a pas été modifié depuis. Selon nos informations, un nouveau cahier des charges a été mis en chantier en 2009 et sera mis en œuvre au deuxième semestre 2010. Sur un autre plan, l'application des nouvelles dispositions relatives aux sanctions prévues pour les infractions au code de la route est effective sur le terrain et les différents agents de sécurité sont sur le qui-vive. Barrages de contrôle sur les principaux axes routiers, brigades motorisées et pédestres et radars en activité ont réalisé durant la semaine écoulée une «moisson» d'infractions commises par les automobilistes. Le tribunal de Annaba a eu à traiter durant cette période 75 cas : conduite en état d'ivresse suivie d'accidents, police d'assurances non renouvelée, excès de vitesse et divers autres délits. Les jugements rendus se caractérisent par des peines allant de 4 à 6 mois de prison ferme et des amendes variant de 8 000 à 50 000 DA.