La région de la Mitidja a, de tout temps, suscité l'intérêt des uns et des autres, constituant le point de mire des colonisateurs français. Ceux-ci, conscients des richesses qu'elle recélait, n'avaient pas tardé à y élire domicile, construisant de nombreuses fermes dont les noms sont jusqu'à ce jour connues par cœur par les personnes âgées. Aujourd'hui hélas, c'est la métamorphose (dans le sens négatif, bien entendu). La Mitidja n'est plus celle d'antan. En effet, cette plaine, jadis fertile, et dont la production était, disait-on à l'époque, en mesure à elle seule de suffire à toute la population d'Algérie, n'est plus que l'ombre d'elle-même. En effet, l'inévitable main de l'homme est passée par là. L'urbanisation effrénée et son corollaire «la bétonisation» et son lot de constructions éparpillées çà et là ont fait que la Mitidja a perdu son lustre d'antan. Pour les plus vieux, elle est méconnaissable. «Auparavant, pour puiser de l'eau, il fallait à peine creuser 10 ou 15 mètres. Mais aujourd'hui, il faut près de 10 fois cette profondeur pour pouvoir trouver le liquide précieux. Il va sans dire que, pour arriver à ses fins, il faudra utiliser des appareils très sophistiqués», nous dira un septuagénaire, non sans faire allusion aux forages illicites pratiqués par les Syriens et qui ont énormément porté atteinte à la nappe phréatique. Dans ces conditions, faut-il s'étonner outre mesure si le prix des agrumes (dont la Mitidja constitue pourtant le fief) s'est envolé (les clémentines à 150 dinars, cela n'a jamais été le cas par le passé), devenant hors de portée des bourses moyennes. Avec la période relative au terrorisme, les choses se sont exacerbées lorsque des centaines d'agriculteurs, craignant pour leur vie et celle des leurs, ont laissé leurs terres et ont pris la fuite. Aujourd'hui, et après que la sécurité est de retour, les pouvoirs publics, et plus particulièrement les responsables chargés du dossier de l'agriculture, ont pris conscience que, parmi les moyens à même de faire ressusciter l'agriculture et, partant, diminuer les importations en matière de céréales, de fruits et de légumes, la nécessité de réhabiliter la Mitidja s'imposait d'elle-même. C'est dans ce cadre qu'il y a lieu de concevoir le projet relatif à la dérivation des eaux de l'oued Djer (extrême ouest de la wilaya de Blida, limitrophe de la wilaya de Aïn Defla), un véritable mégaprojet, d'un coût global dépassant les 2 milliards de dinars, et dont le début des travaux remonte à plusieurs mois, qui ne pourra que se répercuter positivement sur la riche plaine de la Mitidja. Les spécialistes s'accordent à dire que ce projet, s'il est mené à bon port, permettra à coup sûr de redorer le blason de cette région. Ce projet, dont le maître d'ouvrage est l'Office national de l'irrigation et du drainage (ONID), devrait arriver à son terme prochainement. Après la fin des travaux, et selon les initiateurs du projet, il sera procédé au transfert de 21 hm3/an d'eau vers le barrage El Moustakbal (wilaya de Aïn Defla) pour l'irrigation de 24 000 hectares de la plaine de la Mitidja ouest.Les ouvrages à réaliser pour la dérivation des eaux de l'oued Djer comprennent, entre autres, un barrage déversoir, des dessaleurs, une station de pompage, la conduite de refoulement, un tunnel et des équipements hydromécaniques.L'impact du projet est certain dans la mesure où, outre les répercussions positives sur la production agricole de la Mitidja, on s'attend à ce que ce projet contribue à la création de près de 5 000 postes d'emploi. Tout un chacun espère que ce gigantesque projet s'achèvera dans les plus brefs délais. Cela ne pourra qu'être salutaire pour une région qui a souffert de la sécheresse et du comportement irresponsables des hommes.