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Pékin-Washington : des tensions à la mesure de leur interdépendance
Les relations bilatérales illustrent une bipolarité originale
Publié dans La Tribune le 23 - 02 - 2010

Barack Obama s'est entretenu le 18 février dernier, pour la première fois, avec le dalaï-lama, chef spirituel en exil des Tibétains. La Maison-Blanche est cette fois restée sourde aux objurgations de Pékin qui exigeait l'annulation de la rencontre. En octobre 2009, le président américain avait préféré ménager les dirigeants chinois et s'était abstenu de recevoir le prix Nobel de la paix tibétain. La question tibétaine est un sujet récurrent de frictions entre les Occidentaux et Pékin, qui prétend que la province est chinoise depuis le XIIIe siècle. Fin 2008, les relations entre la France et la Chine avaient connu quatre mois de tensions lorsque Nicolas Sarkozy avait reçu le dalaï-lama. Immédiatement après la rencontre entre le président Obama et le leader tibétain, le ministère chinois des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis en Chine pour lui présenter une protestation formelle de Pékin.
Pourquoi la Chine réagit-elle avec autant d'animosité à la rencontre Obama - dalaï-lama ? Parmi les raisons secondaires, citons les frustrations des forces armées chinoises et la succession de Hu Jintao en 2012. Selon David Lampton, professeur et directeur du Centre des études chinoises à Johns
Hopkins University, les dirigeants de Pékin sont sensibles à la montée d'une forme de nationalisme dans l'opinion publique chinoise. D'après Pascal Boniface, depuis qu'elle a renoncé au communisme, la Chine se sert du nationalisme comme ciment permettant de maintenir la cohésion d'un pays aussi vaste. Un nationalisme lié au sentiment croissant de puissance, mêlé d'une conviction selon laquelle les Etats-Unis ont besoin de l'aide chinoise sur des questions clés. La crise financière a conforté ce sentiment. Elle a donné aux Chinois le sentiment que leur approche -marché encadré et libéralisation limitée- est solide. Il faut dire que, contrairement à toutes les autres économies du mode, l'économie chinoise affiche, pour 2009, un bilan très honorable. D'ailleurs, les experts estiment que le Japon aura des difficultés à tenir son rang de deuxième économie mondiale en 2010. S'il a résisté à l'essor de la Chine l'an dernier, malgré un taux de croissance de l'économie chinoise de 8,7% en 2009, la majorité des économistes estiment désormais que la Chine devrait passer devant le Japon cette année ou en 2011.
Point d'achoppement : les enjeux commerciaux
Les sujets de discorde entre les Etats-Unis et la Chine ne manquent pas. Comme le fait remarquer Pascal Boniface, la Chine n'a jamais cédé aux injonctions des présidents américains depuis qu'ils ont repris leurs relations sous Nixon au début des années 1970, et ce n'est pas maintenant, au moment où la puissance du pays est réaffirmée, qu'ils vont commencer à le faire. Sur le plan commercial, la Chine est accusée de faire du dumping monétaire en maintenant un niveau artificiellement bas de sa monnaie. Depuis juillet 2008, rappelle Dominique Bari, le cours du yuan n'a pratiquement pas bougé, permettant la stabilité des opérations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, au profit de la première. Les seconds, en revanche, se plaignent, dénonçant un dumping sur l'ensemble de marchandises produites en Chine, la monnaie chinoise s'étant de facto appréciée mais dans des proportions plus faibles. Dans les faits, le yuan s'est apprécié de 20% en cinq ans. Or, certains experts américains considèrent qu'il est encore largement sous-évalué face au dollar, jusqu'à 40%. Le déséquilibre commercial s'est donc considérablement accru ces dernières années (exception faite de décembre 2009 où il a reculé de 18,14 milliards). La balance commerciale américaine a clôturé l'année 2009 avec un déficit de 677 milliards de dollars, dont 40% (266 milliards) imputables à la Chine. A ce propos, David Lampton estime que les pressions croissantes de Washington sur la question des taux de change sont le résultat de l'augmentation annuelle des avoirs chinois en devises étrangères en dépit de la crise financière. Ce phénomène est tellement inquiétant que l'Europe et le reste de l'Asie sont sur la même longueur d'onde que Washington en matière de taux de changes. En décembre 2009, la Chine a réduit ses détentions d'obligations et mis les marchés en alerte. Certains économistes s'inquiètent de la méfiance de Pékin à l'encontre de la dette américaine. Si la Chine réduit sa détention de bons du Trésor et d'obligations d'Etat américains, Hong Kong a doublé la sienne entre décembre 2008 et décembre 2009.
Les Chinois, très critiques depuis un an à l'encontre de la politique d'endettement de Barack Obama, auraient donc mis leurs menaces à exécution. Selon les statistiques de Washington, les investisseurs chinois auraient réduit de 4,3% la valeur de leur portefeuille sur le dernier mois de 2009 pour ne plus détenir que 755,4 milliards de dollars de bons du Trésor. Depuis juillet 2009, la Chine a même vendu au total 45,1 milliards de bons du Trésor et laissé le Japon retrouver le titre de premier créancier des Etats-Unis, détenu jusqu'en septembre 2008. Les données américaines montrent qu'en décembre dernier, les prêteurs japonais, publics et privés, possédaient 768,8 milliards de dollars de bons du Trésor, soit 1,5% de plus qu'en novembre. «Si des ventes de cette ampleur se confirment, cela suggérerait que la Chine intensifie, plus qu'auparavant, la diversification de ses placements», estime un stratégiste de Brown Brothers Harriman and Co. Quelle conséquence aurait cette stratégie ? Manifestement, Pékin cherche, en boudant les bons du Trésor américains, à contraindre Washington à proposer des rendements plus avantageux et à réduire ses déficits afin de rassurer les investisseurs. Plusieurs autres contentieux portent sur l'acier, la volaille et les droits de douane chinois sur les matières premières.
Les différends militaires et les autres
Sur le plan militaire, les désaccords existent aussi. La coopération entre les Etats-Unis et Taïwan, dans le cadre de leur accord de défense de 1979, demeure un centre de tensions quasi permanent. Fin janvier 2010, les Etats-Unis ont annoncé avoir signé avec Taipei un contrat d'armement de 6,4 milliards de dollars portant sur la livraison de 114 missiles Patriot, de 60 hélicoptères Black Hawk, d'équipements de communication pour les chasseurs F-16 taïwanais et des navires chasseurs de mines sous-marines. Selon la version officielle, la récente vente fait partie d'un plan approuvé en octobre 2008 par l'administration Bush. Les missiles Patriot III ne sont que défensifs. De plus, la vente d'armes à Taïwan constitue un des devoirs américains prévus par la «loi portant sur les relations avec Taïwan».
En réaction, Pékin a décidé de suspendre ses échanges militaires avec Washington, dénonçant une «ingérence grossière» et menaçant les fabricants américains de sanctions, sans préciser lesquelles et sans pour l'instant les mettre à exécution. Si de telles représailles se concrétisaient, elles pourraient concerner Sikorsky Aircraft, filiale du groupe United Technologies, Lockheed Martin, Raytheon, et McDonnell Douglas, filiale de Boeing.
Pékin veut conserver un contrôle total sur le territoire qu'il considère comme une province autonome. La petite île abrite depuis 1949 les opposants nationalistes à Mao Zedong. En fonction de la couleur politique du gouvernement, Taipei vacille entre volonté indépendantiste et loyauté à Pékin.
De son côté, la Chine menace de recourir à la force s'il le fallait et maintient comme effet dissuasif des missiles chinois braqués sur les côtes de l'île.
Hormis les tensions liées aux relations strictement bilatérales, certaines questions internationales sont, elles aussi, motifs de désaccord. Sur le dossier iranien, par exemple, la Chine plaide pour le dialogue avec Téhéran, tandis que les Etats-Unis appellent à de nouvelles sanctions. Cette tension entre deux des membres du Conseil de sécurité de l'ONU risque de compliquer la recherche d'un consensus au Conseil sur de nouvelles mesures. Les différends sino-américains pourraient également influer sur le dossier du nucléaire nord-coréen. D'ailleurs, la Corée du Nord a annoncé sa décision de ne pas renoncer à l'arme nucléaire contre une aide économique, à moins que la politique d'hostilité des Etats-Unis cesse.
Pour reprendre les négociations sur son désarmement nucléaire, Pyongyang a exigé que Washington s'engage à ouvrir des négociations sur un traité de paix officiel dans la péninsule coréenne. Pyongyang estime que les Américains sont les seuls à pouvoir offrir au régime un traité de paix, la guerre de Corée (1950-1953) s'étant terminée par un simple armistice, laissant techniquement la péninsule coréenne en état de guerre. Les Nord-Coréens exigent aussi la levée des sanctions imposées par l'ONU à la suite de leurs essais nucléaires et de tirs de missiles.
Interdépendance et «Chimerica»
Pour David Lampton, «les deux pays savent qu'ils ont besoin l'un de l'autre ; comme deux scorpions dans une bouteille, ils n'ont droit chacun qu'à une piqûre, et après ? L'interdépendance mutuelle est devenue une véritable contrainte dans les deux capitales». Pascale Boniface parle même d'une «destruction mutuelle assurée» (Mutual Assured Destruction ou MAD, qui veut dire «fou» en anglais), non plus d'essence militaire, comme ce fut le cas entre les Etats-Unis et l'ex-Union soviétique, mais de type économique. La Chine a un besoin vital du marché américain pour exporter sa production et assurer son développement économique, gage de la paix sociale à l'intérieur. Et les Américains ont besoin de la Chine pour financer leur dette et convertir en bons du Trésor les cent milliards de dollars de déficit commercial annuel.
Cette interdépendance porte déjà un nom : «Chimerica», remise au goût du jour par Niall Ferguson et Moritz Schularick. L'expression remonte au XIXe siècle quand les coolies chinois posaient les voies du chemin de fer dans les montagnes Rocheuses du Far West.
Certains parlent de G2, en se référant à ce duo sino-américain censé dominer la gouvernance mondiale. Le terme G2 a été forgé à la suite des rencontres et des apartés, en 2008 et 2009, entre les dirigeants de Washington et de Pékin, à l'occasion de la crise financière et économique. Au sommet de Copenhague sur le changement climatique, des analystes ont évoqué une sorte d'alliance sino-américaine visant à bloquer les ambitieux projets de l'Europe. Pour s'en convaincre, citons l'exemple de la monnaie chinoise.
Les marchés s'accordent à dire que le yuan sera réévalué d'ici la mi-2010. Certains parlent même d'une hausse de 5% du yuan face au dollar dans les prochains mois. Pour rappel, depuis juillet 2008, la monnaie chinoise n'est plus rattachée à un panier de monnaies internationales mais conserve une parité fixe par rapport au dollar. Prise dans un contexte de début de crise, cette décision visait à supporter les exportations grâce à une monnaie faible. Un yuan faible favorise les exportations chinoises vers les Etats-Unis et contribue à creuser le déficit commercial américain. Ce dernier s'est creusé à 36,4 milliards de dollars en novembre 2009, selon les chiffres publiés en janvier.
La Chine réévaluerait sa monnaie pour, d'une part, répondre aux pressions internationales, mais surtout éviter les risques de surchauffe de son économie et le retour de l'inflation. En prévision de cette évolution, les autorités chinoises resserrent progressivement leur politique monétaire, estime Guillaume Guichard. Une troisième raison est liée au fait que les Américains laissent volontairement filer le dollar par rapport à l'euro ou au yen pour rembourser leur dette. Or la diminutuin de la valeur du dollar réduit d'autant les économies chinoises (les réserves d'une valeur de 2 400 milliards et les bons du Trésor) et ses bénéfices (les exportations). D'autres illustrations relatives à cette interdépendance peuvent être citées. Il paraît, par exemple, tout à fait significatif, qu'en pleine période de tensions d'un porte-avions américain, en l'occurrence l'USS Nimitz, arrive à Hong Kong. Une escale autorisée par les autorités chinoises malgré la suspension des échanges militaires avec Washington après des ventes controversées d'armes à Taïwan. Plus de 5 000 membres d'équipage du porte-avions et de la flottille d'accompagnement ont débarqué à l'occasion de cette visite de quatre jours qui comprend notamment des projets communautaires.
Commentant cet apparent paradoxe, le vice-amiral John Miller a simplement déclaré avec raison : «Il existe beaucoup de domaines dans lesquels les pays qui ne sont pas toujours d'accord peuvent trouver des points de convergence.» Relevons également que l'hypothèse d'un G2 sur le modèle de la bipolarité de la guerre froide n'a pas lieu d'être pour au moins une raison et Pascal Boniface le dit très clairement.
Les Chinois ne cherchent pas à imposer un modèle contraire à celui des Etats-Unis, puisqu'ils sont aussi capitalistes que les Américains.
Ce qu'ils cherchent, c'est devenir les premiers, de surpasser les Etats-Unis. Il n'existe pas de rivalité militaire. Ainsi le budget militaire chinois ne représente-t-il que 0,1% du budget militaire américain et les Etats-Unis alignent-ils 12 porte-avions à propulsion nucléaire, quand la Chine n'a pas encore construit son premier. Un élément qui montre bien où se situe la rivalité, ou du moins, là où elle ne se situe pas.
Les nostalgiques du système bipolaire devront donc s'armer… de patience.
L. A. H.


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