De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali A en croire les chiffres livrés par le groupement de la Gendarmerie nationale d'Oran pour l'année 2009, la criminalité a nettement baissé par rapport à l'année 2008 -alors que le nombre des personnes appréhendées est en hausse- et devrait poursuivre sa courbe descendante durant les prochaines années. Ces résultats et perspectives rassurants sont, selon les responsables du groupement de la GN d'Oran, la conséquence directe de la mise en place d'une stratégie de lutte contre la criminalité, basée notamment sur l'amélioration des techniques de recherche et la densification des actions sur le terrain.Ainsi, toujours suivant le bilan de l'année dernière, 2 376 affaires d'atteinte aux personnes ont été traitées et 1 390 personnes arrêtées contre 2 760 affaires et 1 251 individus appréhendés en 2008. Quant aux affaires d'atteinte aux biens, la gendarmerie annonce plus de 670 arrestations en 2009 contre 637 en 2008. Sur ce total de plus de 2 000 personnes interpellées, une centaine ont été placées sous mandat de dépôt.Pourtant, cette profusion rassurante de statistiques et le net renforcement, constaté par tous, des forces de l'ordre en prévision du Congrès mondial du gaz liquéfié, ne rassure pas encore une population oranaise qui assiste et subit toujours vols, agressions, cambriolages et escroqueries : les agressions et vols à la tire sont légion partout dans la ville, les cambriolages continuent de cibler bijouteries et domiciles en plein jour, et les plaintes pour escroqueries en tout genre ne cessent de défiler devant la justice : «Il y a quelques jours, un homme a été égorgé à Mers El Hadjadj [localité balnéaire située entre Oran et Mostaganem] par des malfrats qui en voulaient à sa voiture, et deux femmes ont été retrouvées mortes, assassinées dans un bungalow à Cap Falcon, relate un Oranais, effaré par la hausse de la criminalité de ces dernières années. Aujourd'hui, même les femmes n'hésitent pas à jouer du couteau pour délester les honnêtes gens de leurs biens. Les forces de sécurité ont, sans doute, durci la lutte mais la criminalité a atteint une telle ampleur et s'est à ce point ancrée dans la société qu'il faudra peut-être des années encore avant de sécuriser la ville.» Autre signe de l'insécurité manifeste qui règne quotidiennement sur Oran, la tendance des jeunes à s'armer de couteaux, bombes lacrymogènes ou cutters pour se défendre contre les agressions aux abords des établissements scolaires : «Beaucoup d'élèves ont été agressés, notamment pour les délester de leurs téléphones portables, explique un enseignant dans l'un des innombrables établissements qui ne bénéficient pas encore de la présence rassurante d'un agent de police. Certaines de ces agressions ont même été assez violentes et traumatisantes pour les victimes. Alors, ces élèves préfèrent assurer leurs arrières.»Ainsi, malgré le durcissement de la lutte contre la criminalité et les multiples interpellations opérées par la police et la gendarmerie, que tout le monde constate et reconnaît, les Oranais vivent toujours dans la crainte d'une agression ou d'un cambriolage. Crainte justifiée par le fait que la wilaya d'Oran se classe, depuis sept ans, parmi les trois premières villes les plus touchées par la criminalité : «La lutte contre ce fléau n'est pas l'affaire des seuls services de sécurité même si c'est leur vocation», estime un quadragénaire, outré de voir que les agresseurs agissent parfois au vu et au su de tout le monde sans que personne ne songe à intervenir. «Il est vrai que le citoyen qui songerait à s'interposer risque de recevoir un coup de couteau ou d'épée.Mais, en même temps, ces individus ne doivent pas agir comme s'ils étaient dans leur bon droit, comme si leur comportement était normal. La peur doit changer de camp et c'est à ce prix que ces malfrats comprendront que leur comportement est criminel.»