Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Une cité, une ville, une municipalité, un bus, un quartier, un tunnel… où l'on ne court aucun risque de faire de mauvaises rencontres, c'est du domaine de l'impossible. Le risque zéro, comme on le nomme dans le jargon sécuritaire, n'existe pas. Mais on peut cependant s'en approcher. A priori, cet axiome serait réalisable, sur le papier, à partir du moment où l'Etat a consenti, voire s'est investi, sans calcul pour garantir à la population un environnement «sain et convivial» où les personnes et les biens seront protégés de tout et de tous.En Algérie, si le terrorisme «résiduel» est en phase d'extermination, en témoignent les affirmations de responsables à tous les niveaux, la criminalité et le banditisme nécessitent, eux, une lutte continue, que les services de sécurité s'efforcent de mener, ce qui a permis un recul de l'insécurité. Celui-ci est le fruit des efforts déployés par les éléments de la Sûreté nationale qui ont intensifié les opérations coup-de-poing et exploité les moindres informations, sources et indications pour démanteler des groupes et des réseaux criminels.Et pour maintenir la pression, le directeur général de la Sûreté nationale annonce un renforcement des effectifs, jusqu'à atteindre le taux d'un policier pour 300 habitants. Celui-ci est possible si l'on se réfère aux projets lancés à travers le territoire. Constantine fait partie des wilayas dont les projets de la Sûreté nationale sont relativement nombreux. De plus, les ressources humaines et matérielles déployées par l'Etat ont connu une nette progression ces dernières années. Pourtant, malgré toute cette armada, des agressions, des vols, des bagarres et autres types de nuisances sont enregistrés au quotidien. Ces méfaits ont lieu en plein centre-ville sans que les criminels se soucient de la présence des forces de l'ordre.Paradoxalement, les bilans de la Sûreté locale évoquent une légère baisse de la criminalité à Constantine par rapport à l'année 2008 et ce, à la faveur d'un dispositif réfléchi et judicieux mis en place par les forces de l'ordre. L'insécurité est cependant toujours là dans la cité et ses banlieues notamment à des heures un peu avancées. Les rondes effectuées par les patrouilles de police réussissent des coups de filet, mais le banditisme n'est pas éradiqué. L'année 2009 a vu «5 461 personnes arrêtées, dont 1 462 mises sous mandat dépôt. Un taux en baisse par rapport à 2008, où 5 971 personnes ont été appréhendées», dira le chargé de la communication de la Sûreté de wilaya. Concernant les atteintes aux personnes, la même source qui faisait dernièrement le point sur le bilan d'activité des services de la sûreté urbaine a fait état 1 884 cas recensés, soit 35 de moins qu'en 2008.«La ville de Constantine ouvre à 7 heures du matin et ferme ses portes à 19 heures… gare à celui qui rase les murs en solo au-delà de cet horaire», dira un chauffeur de taxi. Cet avertissement est repris par des citoyens noctambules qui confient avoir assisté à des agressions à certains endroits non loin du centre-ville. «Les agresseurs ne sont pas seulement dans les périphéries. Bien des citoyens se sont retrouvés avec un couteau pointé sur la gorge dans un coin de rue à quelques pas du centre-ville», déplorent-ils. Il y a une semaine un jeune homme a échappé à un traquenard d'un groupuscule qui a tenté de le délester de son téléphone cellulaire à la cité Boussouf vers 20 heures. Il n'a dû son salut qu'à de jeunes vendeurs à la sauvette qui feront fuir les agresseurs. «On entend souvent à la radio ou on lit dans la presse que le citoyen est bien sécurisé. Mais en réalité il existe toujours des poches d'insécurité qui s'élargissent. La population est menacée même au centre-ville. Que dire alors des endroits isolés ?» s'interroge un habitant qui interpelle les forces de l'ordre pour qu'elles mettent en place un maillage serré afin de sécuriser la ville et sa périphérie.S'agissant de la sécurité dans les transports publics, la présence d'éléments de la Gendarmerie nationale dans les trains a permis aux citoyens de reprendre goût au voyage par rail. Un passager qui venait de rentrer de la capitale par train en témoigne : «Franchement, les locomotives sont bien gardées et les voyageurs aussi. Les rondes qu'effectuent les gendarmes dans le train tout au long du voyage permettent aux voyageurs de se sentir en sécurité.» «Mais l'insécurité est toujours là, elle vous attend à la descente du train, quand il s'agira de dénicher un taxi à une heure tardive pour rejoindre votre domicile… En fait, cela peut arriver à tout moment. Vous n'êtes plus à l'abri d'une agression», ajoutera-t-il.En dehors de la ville, en rase campagne, l'insécurité est tout aussi présente, du moins sur certains tronçons routiers. Des agressions et des tentatives d'agression ont, en effet, été signalées au niveau de certains chemins de wilaya, voire routes nationales, mal éclairés ou pas du tout, et l'ombre est le meilleur complice des bandits. «Des automobilistes ont été délestés de leur véhicule immobilisé par de grosses pierres ou un tronc d'arbre que les agresseurs mettent en travers de la route. Sous la menace de couteaux, épées et barres de fer, ils sont obligés de laisser leur voiture. Et ils peuvent s'estimer heureux s'ils n'y laissent que leur voiture…», témoigne un homme qui fréquentait la route défectueuse reliant Zouaghi à Boussouf.En définitive, si la wilaya a retrouvé une légère quiétude, la vigilance des agents de sécurité et l'implication des citoyens sont toujours de mise et nécessaires pour faire reculer encore et encore l'insécurité. D'ailleurs, le DGSN reconnaît à cet effet le rôle fort prépondérant que la population doit jouer pour épauler le policier dans sa tâche.