Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi A l'instar des autres régions de l'Algérie profonde, Constantine digère difficilement les retards accusés dans le secteur de l'habitat. Aucune formule émise par les dispositifs n'a pu atténuer le nombre de souscripteurs qui augmente. L'annonce faite dernièrement par le wali pour l'éradication des bidonvilles «jusqu'à la dernière tôle» aura mis du baume au cœur des habitants lésés, marginalisés ou oubliés. Cependant, cette volonté devra être conjuguée en parallèle avec l'application à la lettre du programme présidentiel en matière de construction du million de logements dont Constantine fait partie. Une équation pour le moins difficile à résoudre tant les chantiers avancent à pas de tortue. Pour preuve, le programme de réalisation de 17 000 logements lancé au dernier quinquennat à travers la wilaya a quelque peu trébuché, en raison de moult facteurs. Il est des entreprises qui ont enfreint les délais impartis, ce qui a poussé les responsables locaux à revoir leur copie en matière d'attribution de projets. Le cas le plus éloquent émane de l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL) qui a connu des difficultés pour parachever son programme engagé dans la wilaya de Constantine. Après avoir livré près de 2 500 unités relevant du programme 2001, la firme accélère la cadence pour livrer 1 000 autres faisant partie du second programme en souffrance depuis la dissolution de la première firme GECO dont les travaux ont été repris par les Chinois pour la réalisation de plus de 400 unités. Il a fallu l'intervention du wali avec des mises en demeure pour secouer les lenteurs enregistrées chez quelques entreprises, outre les préoccupations des souscripteurs qui ne savaient plus que faire. Par ailleurs, en prévision de l'année 2009, la Direction du logement et des équipements publics (DLEP) a fixé la fourchette des livraisons à 13 815 unités tous programmes confondus, c'est-à-dire le LSP (3 983), la location-vente CNEP (3 996), le LSL(5 288) et la formule AADL avec 578 logements. En fait, la capitale de l'Est renferme un nombre incommensurable de demandeurs de logement social participatif et appelle une résorption de l'équation difficile en matière d'éradication de l'habitat précaire. C'est un lourd héritage qu'on ne répétera jamais assez pour mettre la lumière sur ce phénomène. On imagine déjà mal comment éradiquer la demande en constante augmentation pour annihiler les 21 000 baraques des douze communes. Le chef-lieu en compte plus de 7 000 selon le dernier rapport établi par la direction de l'habitat en collaboration avec les services communaux du secteur de chaque localité. Au moins 25 000 logements sont requis pour reloger les familles vivant dans des taudis. C'est plus qu'un défi à relever pour redonner à Constantine son visage de cité moderne. Si l'on considère les dernières promesses pour l'éradication des bidonvilles en 2010, on avancerait sans conteste que Constantine réussira son pari du siècle ! Un objectif vraiment difficile à atteindre si les services concernés ne mettent pas leur touche au chrono. Pour le chef de daïra, «le bout du tunnel ne sera pas pour demain. Il faut associer plusieurs compétences pour résorber les demandes de toit et éradiquer les bidonvilles». L'équilibre s'impose au risque de pénaliser des familles dans leur droit absolu au logement. Cependant, aucune source fiable n'est intervenue pour éplucher ce dossier auquel la ville fait face depuis des décennies. L'impression est qu'en dépit de tous les chantiers des promoteurs privés et publics engagés, la demande demeure incessante. Cela renvoie à une autre interprétation de la problématique : «la fiabilité des commissions chargées des recensements», accuse un souscripteur. En parallèle, la mutation que vit Constantine par ces grands projets structurants endiguerait quelque peu ses prévisions en matière de logements. Il est souvent question de reloger, voire d'exproprier des familles pour utilité publique, soit un autre fardeau à ajouter aux listes déjà longues des demandeurs. A ce sujet, on apprend que «chaque quota est destiné à une frange bien identifiée. Point de confusion entre les types d'attribution». Pourtant, cet alibi est souvent réfuté par les familles s'estimant victimes d'exclusion, comme en témoigne la grogne des foyers de la seconde tranche du Bardo. En définitive, Constantine peine à atteindre le rythme requis quand il s'agit de reloger les oubliés vivant dans des bidonvilles et de répondre aux listes interminables de demandeurs. Seule une commission forte pourrait disperser le brouhaha qui planerait sur «le mode» et le critère d'attribution des toits à Constantine, outre la solvabilité à l'égard des éventuels acquéreurs de projets…