Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Hé taxi, s'il vous plaît !». Cet appel ne semble pas être approprié au jargon du secteur à Constantine pour la simple raison que la réponse des chauffeurs est loin de cadrer avec une belle formule de politesse : «Wayn Rayeh ? » (Où allez-vous ?). C'est l'effet contraire qui se produit par cette réplique avant même que le client ne tienne la poignée de la portière du véhicule. Indélicat, agressif,… activant en sous-location, telle est l'image de la plupart des transporteurs activant à Constantine. Le cahier des charges est rarement respecté, pour ne pas dire banni par les transporteurs en commun. Il y a beaucoup de taxis service, jaune à Constantine. On en compte 4 435, selon les derniers chiffres de la direction des transports. Pourtant, les citoyens se lancent parfois dans des actions pathétiques pour rejoindre leur domicile après les horaires de travail. C'est pourquoi on avancera sans ambages que le créneau du transport urbain est chaotique et anarchique. Une situation aggravée par les différents chantiers engagés dans la capitale de l'Est. Ainsi, une voie «frauduleuse» étant ouverte sous les yeux du service d'ordre impuissant à empêcher le soir, d'une part, les files des taxis dits «fraudeurs» à se disperser aux points névralgiques de la cité et, de l'autre, convaincre les chauffeurs accrédités de prendre en charge les citoyens qui n'ont d'autre alternative pour bouder des véhicules non autorisés par la loi. Faire contre mauvaise fortune bon cœur, c'est ce que fait la majorité des Constantinois en optant pour les différentes marques de voiture en vue de rentrer chez eux. Le quotidien demeure rude en transport urbain. Cette anomalie a été, d'ailleurs, soulevée à quelques jours de la nouvelle année par les responsables locaux et le président du bureau local des transports privés qui avait mis à l'index la pratique allant contre la nature licite. De fait, plus de 50% des lignes de transport attribuées à Constantine sont revues en leur sous-location. Un malaise qui en dit long sur ce créneau mal exploité, voire miné de subterfuges… Un marché juteux en trajet si l'on sait que la capitale de l'Est vit une mutation assez importante depuis plus d'une décennie, notamment avec le transfert et le recasement de la population en zones périphériques à la nouvelle ville Ali Mendjeli et à Massinissa au Khroub. Aussi, l'outil relatif à la modernisation de la cité encourage davantage la prolifération des véhicules toutes marques confondues, pour dénicher des points sensibles afin de les desservir. Il est vrai que le ministère des Transports aura lancé un appel encourageant en 2009 quant à l'investissement. Du moins, cette sollicitation reste peu perceptible chez les acteurs du créneau et même les responsables qui ne parviennent pas à solutionner ce problème lésant de jour en jour le citoyen et ce, depuis que la ville a ouvert ses chantiers. D'aucuns estiment que la situation perdurera tant la ville n'a pas encore livré ses œuvres en réalisation. Les travaux du tramway ont altéré la fluidité et obturé les rares issues que présente Constantine. Ce qui pousse les véhicules accrédités à opter pour des lignes plus désengorgées. Encore faudrait-il trouver une place pour stationner… afin de faire monter la clientèle. A vrai dire, le transport urbain aura eu la peau dure depuis plusieurs années. Aujourd'hui, il ne fait que rappeler à ses acteurs qu'il se porte encore mal tant la réglementation n'a pas encore sévi tel qu'il se doit, allant du prix de la course imposé aux clients aux règles élémentaires du respect de l'exercice. A cet effet, la direction des transports fera part de l'élaboration de 2 100 PV en 2008 pour non-respect du cahier des charges des transports en commun et qui ont été adressés à l'encontre de 1 115 transporteurs. C'est on ne peut plus éloquent sur ce malaise qui ronge le secteur. Sur un autre chapitre, il faut avouer l'existence d'une disproportion dans quelques dessertes, rendant le flux des clients plus important. Dès lors, les clients croisent les doigts pour trouver un taxi clandestin, qui ne dira pas non face à ce rush… Une régulation en ce sens s'impose à plus d'un titre au niveau de la nouvelle ville Bekira. Du moins, le nœud persiste au grand dam des banlieusards, mais qui profite beaucoup plus aux clandestins appuyés par cette demande incessante en dépit du fait que l'Entreprise des transports en commun (ETC) effectue des rotations avec son parc de 50 bus. Soit une centaine par jour desservant les axes névralgiques de la transcription de 6 heures à 21 heures. En définitive, la problématique du transport en commun sera solutionnée à Constantine dans trois années d'après les dernières affirmations de l'exécutif. Le tramway résorbera le flux à Zouaghi tandis que les deux téléphériques inscrits au programme reliant Bekira à l'hôpital et Sidi Mabrouk à la place Kerkri allègeraient le calvaire de la population souffrant le martyre dans un créneau de transport assailli par des contrevenants.