De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur «Sidi Boumediene, une voie, une œuvre» est le thème central d'un colloque international organisé par la direction de la culture de la wilaya de Tlemcen et qui se tiendra les 3 et 4 mars prochain. Cette rencontre scientifique, dont le programme prévoit 18 conférences qui seront animées par de nombreux spécialistes d'Algérie, de Tunisie et de France, devra évoquer le parcours de l'homme depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Parmi les conférences programmées, on citera, entre autres, «la fonction du maître», «la quête de l'altérité dans la poésie de sidi Boumediene», «Halte sur la poésie soufie entre la signification et la structure, étude du poème (les gens de l'amour) de Sidi Boumediene», «Sidi Boumediene et l'école de Béjaïa».Par ailleurs, le réalisateur Mrah Abdelatif présentera en avant-première son film documentaire Voyage au cœur des zaouïas d'Algérie dont le scénario est signé par le Dr Sari Ali Hikmat. Il est à noter que cette rencontre se veut un voyage dans le temps afin d'évoquer toutes les facettes de Choaïb Ibn Hocine El Andaloussi, surnommé Aboumediene El Ghouts et qui deviendra dans le langage populaire Sidi Boumedienne, le saint patron de la ville. De tous les saints de Tlemcen, Sidi Boumediene est le plus connu. Dans l'imaginaire algérien, son nom est emblématique du vécu de la ville. Abu Madyan El Ghaouth est né à Séville en 1126. Il enseigna à Béjaïa, qui fut capitale de la dynastie des Hammadides. Connu pour sa grande autorité en matière d'enseignement soufi, Sidi Boumediene se singularisa par son ouverture spirituelle. Arrivé à La Mecque, il fait connaissance avec cheikh Sidi Abdelkader El Djillali qui complète alors son instruction sur la doctrine soufie et fit de lui son disciple. Sidi Boumediene voyageait beaucoup. Il professa à Baghdad, à Séville, à Cordoue et à Béjaïa. A la mort de son maître, il devint le plus célèbre de tous les cheikhs que ce saint avait formés dans son école. Selon les anthropologues, Sidi Boumediene dérangea les traditionalistes, tout comme Averroès, son contemporain, dont les livres furent brûlés. Convoqué, comme lui, par les «autorités religieuses», Abou Madyan meurt en chemin près de Tlemcen en 1198. Il est inhumé à El Abbad -appelé aussi Sidi Boumediene- à la périphérie de la ville. Vénéré à ce jour, son mausolée suscite un pèlerinage permanent. Ses sentences sont chantées dans la musique classique maghrébine. Notons qu'au sujet d'El Abbad, Sidi Boumediene aurait dit avant sa mort : «El Abbad wa fihi yahla rokkad.» (A El Abbad le sommeil (éternel) devient délicieux).