La Casbah à Alger, le ksar de Timimoun, Sidi El Houari à Oran, Souika à Constantine, le palais de l'Aménokal à Tamanrasset, la Casbah de Dellys, les ksour à Touggourt, à Béchar et dans pratiquement toutes les villes du Sud… La liste peut encore s'allonger, car il n'y a pas une ville algérienne qui n'ait pas de témoins de son histoire, attendant, pour la plupart, d'être considérés comme tels et pris en charge. En fait, depuis l'époque des habitats dans les cavernes et les abris sous roche avec leurs peintures et sculptures rupestres jusqu'à l'ère des buildings en verre et béton avec leur esthétique avant-gardiste, en passant par les pyramides, les palais romains ou les temples cananéens, l'Homme (en tant que société ou organisation sociale) a, de tout temps, tenu à marquer son passage sur terre, à travers des créations artistiques, des réalisations monumentales et/ou des chefs-d'œuvre architecturaux. Il a toujours laissé des témoins de sa «grandeur», de sa «puissance» ou de son «génie», qui diraient aux générations à venir ce qu'il fut et ce qu'il fit. Certains de ces témoins ont résisté au passage du temps et constituent le substrat identitaire et civilisationnel des sociétés modernes. L'importance et le statut qui sont accordés à ce passé diffèrent pays à un autre, d'une cité à une autre. Mais tout le monde s'accorde sur la nécessité de préserver le passé. «Il faut savoir d'où on vient pour savoir où nous allons», dit une maxime qu'aiment à répéter les historiens, archéologues, ethnologues, socio-ethnologues et tous ces scientifiques qui connaissent la valeur de ces témoins du passé. Ce n'est, hélas, pas le cas de tous les responsables qui, justement, ont la charge de préserver ces vestiges. Le bout de liste cité plus haut dit le drame qu'ils vivent à cause de l'indifférence des autorités locales, l'incivisme, le laisser-aller ou, pis, l'ignorance, qui est le plus grand des destructeurs. Dans chaque ville, chaque région, voire chaque patelin d'Algérie, des vieux peuvent disserter longtemps sur ces places, rues, bâtisses et tous ces lieux chargés d'histoire. En cherchant à les visiter, on est très souvent surpris par leur état. On vous dira alors que c'est toute une mémoire qui est en train de partir sans que personne ne fasse rien pour la préserver. Il est vrai que des actions sont menées, principalement par le ministère de la Culture et ses démembrements locaux, mais c'est loin d'être suffisant. De plus, ce ministère ne peut prendre en charge tous les chantiers et opérations de sauvegarde de cette mémoire collective. Les collectivités locales, comme leur nom le dit si bien, ont leur part et leur rôle à jouer pour, si ce n'est restaurer les vestiges que comptent leurs localités, les préserver au moins de l'envahissement du béton et de la disparition qui les menacent à cause de l'urbanisation anarchique. En somme, la sauvegarde de la mémoire collective est une responsabilité collective. Elle implique la multisectorialité qui doit se manifester sur le terrain en termes d'actions de sauvegarde et de restauration, de sensibilisation, de promotion et d'exploitation. Ce n'est qu'ainsi que nos villes et nos ensembles urbains retrouveront leurs identités culturelles et civilisationnelles qui leur permettront d'évoluer et de s'agrandir sans perdre leur âme. H. G.