«Ma fille n'est toujours pas vaccinée. Deux mois après sa naissance, je n'arrive toujours pas à lui trouver de vaccin.» Ce témoignage, fait par un banquier, est malheureusement très fréquent depuis un certain temps. L'affaire dépasse tout entendement. Car, en plus de fait que plusieurs malades n'arrivent pas à se soigner correctement à cause de l'absence de «places» dans les hôpitaux et autres centres de santé, voilà que l'Algérien est confronté à un nouveau «drame», s'il en est. Il est obligé de mettre en péril ses enfants à cause de l'absence de vaccins. Et ce sont plusieurs vaccins qui manquent à l'appel. A cause de quoi ? A cause de la loi ? Certainement en partie à cause de cette exigence de présenter un crédit documentaire avant toute opération d'importation. Mais il y a plus grave : dans cette affaire, il faut désigner du doigt une grande dose d'incompétence. En effet, cela fait longtemps que le département de Saïd Berkat est plongé dans des problèmes inextricables. A peine le problème des vaccins de la grippe A H1N1 contenu –parce qu'il n'est pas réglé-, de nouveaux couacs apparaissent. Mais est-il logique et normal que l'Institut Pasteur manque de médicaments aussi essentiels que des vaccins vitaux ou autres réactifs nécessaires à certaines analyses ? Non, la chose n'est pas normale. Il est évident, à un certain niveau, que l'institut Pasteur tout comme la Pharmacie centrale des hôpitaux (qui approvisionne les structures hospitalières publiques en médicaments) ne peuvent être tenus pour seuls responsables de cette débâcle. Les premiers responsables sont donc à chercher du côté du ministère de la Santé. Parfois plus loin que cela. Puisque ce sont des décisions du gouvernement qui ont freiné l'élan de l'importation des médicaments. Le drame dans cette affaire, c'est qu'il n'y a pas que les vaccins qui manquent. Même les officines privées, censées répondre à l'ouverture du marché, n'arrivent malheureusement pas à proposer les médicaments dont le malade a besoin. Là aussi, la responsabilité politique est largement engagée. Car les pharmaciens n'attendent que de la marchandise pour vendre. Et c'est leur rôle. Mais le marché est tellement déréglé qu'ils ne peuvent même pas accomplir cet acte de base pour tout professionnel du secteur. La situation a donc dépassé le stade de l'inquiétude. Elle a même atteint la ligne rouge. Les choses ne doivent plus continuer comme cela. Il y va de la crédibilité de l'Etat. Plus que cela, il y va de la santé de la population. A. B.