Les cours de pétrole se reprennent et se situent au-dessus des quatre-vingts dollars. C'est le résultat d'un ensemble de facteurs haussiers, l'amélioration des indications économiques aux Etats-Unis en tête. La tendance à la hausse se précise. Vendredi dernier, par exemple, le baril de pétrole «light sweet crude» pour livraison en avril était en hausse de 39 cents à 80,60 dollars tandis que le baril de brent de la mer du Nord, à échéance identique, gagnait 48 cents à 79,02 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. C'est en fait une tendance «améliorée», par comparaison à la physionomie des marchés du jeudi 4 mars, où les cours ont enregistré une baisse sous l'effet d'une bonne reprise de la monnaie américaine mais aussi du recul des prix du gaz naturel. En proportion, le billet vert a repris un peu moins de un pour cent face à l'euro, la monnaie unique se dépréciant dans une conjoncture marquée par la persistance des inquiétudes sur la Grèce, entre autres. Le marché du pétrole a également subi la pression du marché du gaz naturel. Les prix y sont en effet retombés à leur plus bas depuis trois mois après un recul moins important qu'attendu des stocks. Le baril a abandonné environ la moitié des gains engrangés la veille, où il avait fini à son plus haut niveau de clôture depuis le 11 janvier après la publication du rapport hebdomadaire sur les stocks de pétrole aux Etats-Unis. Le marché avait alors ignoré la hausse des réserves. Aux dires de spécialistes des marchés, cette baisse «n'est pas disproportionnée par rapport à l'environnement économique». Le seuil des quatre-vingts dollars conforte les projections de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à la veille de la conférence ministérielle ordinaire qu'elle organisera le 17 mars à Vienne. Quatre-vingts dollars, l'OPEP s'en accommode, et c'est pourquoi elle n'entend pas modifier ses quotas de production à l'occasion de cette réunion viennoise. La Libye, l'un des pays qui, habituellement, poussent à la baisse de production, y est cette fois-ci hostile. Dans une déclaration reprise par des agences de presse, le président de la Compagnie nationale de pétrole (NOC), Chokri Ghanem, a souligné qu'on s'attend à un «maintien» de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole lors de sa prochaine réunion, le 17 mars, estimant qu'une augmentation de la production n'était «pas nécessaire». Il a affirmé que son pays ne s'attendait pas à un «changement» dans les quotas de l'OPEP. Selon lui, «il y a un excédent d'offre sur le marché». Avant de penser à une augmentation ou à une baisse de la production, il faut d'abord respecter les quotas fixés par l'OPEP, a-t-il dit. La dernière réunion de l'organisation pétrolière remonte au 22 décembre dernier en Angola, une rencontre au terme de laquelle elle avait décidé de maintenir le même seuil de production, fixé à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis janvier 2009. M. Ghanem a estimé par ailleurs que les variations des prix du pétrole «ne sont pas déterminées par l'offre et la demande» mais beaucoup plus par «des spéculations», par la situation politique et économique dans des pays comme la Grèce ou l'Iran ou par la vague de froid en Europe. Le redressement des marchés pétroliers semble se maintenir parce que l'économie mondiale commence à afficher des signes de reprise et la demande en pétrole s'améliore. Sur ce dernier point, les données fournies par l'OPEP et par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) se rejoignent : la consommation de pétrole est tirée vers le haut, notamment en Asie, une région où l'industrie, de manière générale, tourne à plein régime ou presque. Y. S.